Santé

Une étude israélienne identifie un nouveau type de traumatisme chez les familles d’otages

Ce concept décrit une existence suspendue entre deux extrêmes où le temps semble figé mais les émotions restent en perpétuel mouvement

2 minutes
27 octobre 2025

ParJohanna Afriat

Une étude israélienne identifie un nouveau type de traumatisme chez les familles d’otages
Photo d'illustration Arik Marmor/Flash 90

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Une équipe de chercheurs israéliens a mis en lumière un phénomène psychologique inédit propre aux familles de personnes enlevées : une forme de traumatisme post-traumatique qualifiée de « perte atténuée dynamique-statique ». Ce concept décrit une existence suspendue entre deux extrêmes — l’espoir et le désespoir — où le temps semble figé mais les émotions restent en perpétuel mouvement.

Publiée ce lundi dans la revue Psychological Trauma: Theory, Research, Practice, and Policy de l’American Psychological Association (APA), l’étude a été menée par le Dr Einat Yahna et Shir Israeli (Collège universitaire de Tel-Aviv-Yafo), en collaboration avec le professeur Hagai Levin (Université hébraïque et Hadassah).

Selon les chercheurs, les enlèvements de masse, comme ceux du 7 octobre, génèrent un stress sans précédent : informations contradictoires, témoignages d’anciens otages, rumeurs et annonces officielles alimentent en permanence l’incertitude. Ce flux continu empêche les familles de se stabiliser émotionnellement. Résultat : de nombreux proches d’otages souffrent de troubles sévères – anxiété, dépression, insomnie, déclin cognitif – et peinent à maintenir une vie familiale ou professionnelle normale.

Le traumatisme personnel se confond ici avec un traumatisme national, dans un contexte de guerre et de sentiment d’abandon institutionnel. « Les familles vivent dans un aller-retour constant entre mobilisation et épuisement », résume le Dr Yahna. Pour tenir, elles s’engagent souvent dans des actions publiques pour le retour de leurs proches, tout en entretenant des rituels pour préserver leur lien affectif.

L’étude souligne également le rôle déterminant des réseaux communautaires et de la solidarité publique dans la survie psychologique des familles. Ces liens d’entraide permettent de maintenir un minimum de stabilité et constituent, selon les chercheurs, un véritable « espace de guérison collective ».

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