Le royaume hachémite occupe une position stratégique majeure pour Israël. La frontière partagée est longue et sensible, surveillée en permanence pour prévenir toute infiltration ou menace provenant notamment de milices pro-iraniennes actives en Irak et dans la région. La coopération entre les deux pays s’avère indispensable : Israël fournit à la Jordanie des centaines de millions de mètres cubes d’eau par an et collabore étroitement sur le plan sécuritaire pour empêcher toute escalade ou intrusion sur les frontières orientales.

Pour autant, la relation reste fragile. Le roi Abdallah II et le gouvernement israélien entretiennent des rapports parfois tendus, en particulier autour de questions sensibles comme Jérusalem et la politique israélienne envers les Palestiniens. La Jordanie abrite une importante population palestinienne et tout incident côté israélien résonne immédiatement à Amman, provoquant manifestations et prises de position publiques.

La Jordanie joue aussi un rôle central dans la gestion des crises palestiniennes. Un éventuel afflux de réfugiés représenterait pour le royaume un risque économique et social considérable, compte tenu des ressources limitées et des infrastructures fragiles. Le gouvernement jordanien doit donc maintenir un équilibre délicat : coopérer avec Israël pour la sécurité et la stabilité régionale, tout en préservant son image domestique et sa souveraineté face à l’opinion publique arabe.

Pour Israël, ce partenariat est un atout stratégique indispensable. Il assure une frontière orientale stable et une coopération efficace contre les menaces régionales, notamment iraniennes. Mais cette alliance est sensible : toute décision militaire ou diplomatique susceptible de froisser Amman peut rapidement mettre en péril la confiance et déstabiliser la région.