International

Déménagement de l'Ambassade de Turquie

Elle ne déménage pas pour s'installer à Jérusalem mais dans un autre lieu de Tel-Aviv

2 minutes
28 mai 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Déménagement de l'Ambassade de Turquie
Crédit : Avshalom Shoshoni/Flash 90

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En plein refroidissement diplomatique avec Israël, la Turquie a entamé le déménagement de son ambassade. Elle quitte ainsi l’imposant bâtiment historique du 202 rue Hayarkon à Tel Aviv — un immeuble bien connu, situé juste en face de l’hôtel Hilton — pour s’installer rue Mapu, toujours dans la ville.

L'ambassade turque était devenue ces derniers mois un foyer de tension diplomatique. Lors de la guerre « Glaives de fer », après l’élimination du chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, le président turc Recep Tayyip Erdoğan avait décrété un jour de deuil national. Deux jours plus tard, l’ambassade à Tel Aviv mettait son drapeau en berne, un geste hautement visible qui avait suscité colère et incompréhension côté israélien, d’autant qu’il s’était produit un vendredi, au cœur d’un quartier très fréquenté.

Un drone muni d’un drapeau israélien avait alors survolé l’ambassade, provoquant une vive réaction à Ankara.

Paradoxalement, malgré les crises diplomatiques répétées – du raid sur le Mavi Marmara en 2010 à l’expulsion de l’ambassadeur israélien en 2018 – les liens économiques n’ont jamais été rompus. En 2021, la Turquie était même le premier partenaire commercial d’Israël au Moyen-Orient, loin devant les Émirats arabes unis, l’Égypte ou le Maroc, avec près de 4,76 milliards de dollars d’importations et 1,91 milliard d’exportations.

Récemment, le départ à la retraite de l’ambassadeur turc Şakir Özkan Torunlar a été accompagné par la nomination d’un nouveau diplomate à Tel Aviv, tandis que la cheffe de mission adjointe, Gurçay Şeker, a été rappelée à Ankara. En parallèle, la Turquie maintient une présence diplomatique forte à Jérusalem via son consulat général, dirigé par Ismail Çobanoğlu, officiellement nommé « ambassadeur auprès de la Palestine » et responsable des affaires liées à Jérusalem, la Judée-Samarie et Gaza.

Malgré le contexte tendu, ce déménagement pourrait être interprété comme un signe d’engagement diplomatique à long terme. Car si Ankara envisageait réellement de rompre avec Israël, elle n’aurait sans doute pas investi dans un nouveau site après plusieurs décennies dans ses anciens locaux. D’autant que pour Erdoğan, la question palestinienne reste centrale sur le plan intérieur, et maintenir un canal avec Israël pourrait s’avérer stratégique alors qu’un cessez-le-feu à Gaza semble se rapprocher.