Société

Plus de 500 000 Israéliens ont sollicité une aide psychologique depuis le début de la guerre

Selon ERAN, la détresse mentale s’installe durablement chez les soldats, les jeunes et les familles

3 minutes
30 mai 2025

ParDelphine Miller

Plus de 500 000 Israéliens ont sollicité une aide psychologique depuis le début de la guerre
iStock

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Depuis le 7 octobre, plus d’un demi-million d’Israéliens ont demandé un soutien psychologique, révèle un nouveau rapport de l’organisation ERAN (Emotional First Aid), qui gère des lignes d’écoute anonymes dans tout le pays. L’étude met en lumière une évolution alarmante des appels : du choc initial vers une détresse prolongée, marquée par la dépression, la solitude et des tensions familiales.

Parmi les plus touchés figurent les réservistes, les soldats en service actif, et leurs proches. Selon la directrice clinique nationale d’ERAN, Dr Shiri Daniels, de nombreux appelants évoquent une culpabilité de survivant, des difficultés à reprendre une vie “normale” et un sentiment d’isolement. « L’un d’eux nous a dit qu’il aurait préféré mourir à Gaza. Il se sent coupable non seulement d’avoir survécu, mais aussi de demander de l’aide », rapporte-t-elle.

Dépression, solitude, détresse familiale

Depuis le début de la guerre, ERAN a reçu plus de 66 000 appels provenant de soldats, de réservistes ou de leurs familles — un chiffre qui, selon l’organisation, est probablement sous-estimé.
Les motifs des appels se répartissent comme suit :

  • 31 % concernent la solitude,

  • 25 % la dépression ou la douleur émotionnelle,

  • 20 % des conflits relationnels ou familiaux,

  • 4 % des violences ou abus sexuels présumés,

  • et 3 % des pensées suicidaires.

L’impact économique est également visible : 3 % des appels évoquent des pertes d’emploi ou des difficultés financières. Beaucoup de réservistes disent avoir vu leur entreprise sombrer ou ne pas réussir à se réinsérer dans la vie professionnelle.

Les jeunes adultes en première ligne

Les jeunes sont particulièrement représentés parmi les appelants :
20 % des appels proviennent des 25–34 ans, 12 % des 18–24 ans, et 8 % d’adolescents ou d’enfants. Les plus de 75 ans ne représentent que 4 %.

« La guerre prolongée crée une réalité trompeuse : en surface, les gens fonctionnent, mais en réalité ils vivent dans un état de pression continue », explique Dr Daniels. Selon elle, le traumatisme aigu des débuts a cédé la place à une lassitude émotionnelle, souvent décrite comme une “chambre de pression” intérieure.

Un défi national invisible

ERAN s’appuie sur 1 800 volontaires répartis dans 13 centres en Israël, ainsi que des antennes aux États-Unis et en Australie. Chaque jour, ces bénévoles assurent une écoute active, des évaluations de risque, des interventions de crise et des orientations vers des professionnels.

« Ces 600 jours de guerre ne sont pas qu’un chiffre », conclut David Koren, directeur général d’ERAN. « Ils traduisent une accumulation de peur, de perte, d’incertitude, et une usure émotionnelle qu’il ne faut pas sous-estimer. »

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