Des opposants au gouvernement tentent de faire du mariage d'Avner Netanyahou, le 16 juin prochain, un événement politique devant lequel il serait légitime de manifester.
Des appels à perturber le mariage du fils cadet du Premier ministre se multiplient sur les réseaux sociauxces derniers jours. Ils suscitent des messages d'approbation mais aussi de réprobation, y compris au sein de la gauche.

Parmi les principaux organisateurs de cette mobilisation figure Ami Dror, l’un des visages marquants de la protestation contre le gouvernement ces dernières années. Il a lancé ce dimanche, via les réseaux sociaux ainsi que sur des groupes de contestation sur WhatsApp et Telegram, un appel à la tenue d’une manifestation d’ampleur contre le Premier ministre Binyamin Netanyahou à l'occasion des noces de son fils.

Ce n’est pas la première fois que des militants cherchent à perturber un événement impliquant Avner Netanyahou et sa compagne : il y a environ un mois et demi, une foule de manifestants s’était déjà rassemblée lors d’une célébration de Mimouna qui servait également de fête de fiançailles pour le couple.

Selon les plans des organisateurs, les protestataires devraient se rendre en cortèges vers le lieu du mariage dans le but de compliquer l’accès aux quelque 1000 invités attendus. Ils prévoient également de distribuer aux participants des copies du livre Monsieur Abandon (Mar Hafkara) écrit contre Netanyahou ainsi que des magnets représentant des otages encore retenus à Gaza.

Ami Dror se défend: « Nous n’avons aucune intention de saboter le mariage. D’ailleurs, nous n’en avons pas réellement les moyens. » Il a précisé que la critique des manifestants ne porte pas sur la cérémonie en elle-même, mais sur le contraste frappant entre cet événement fastueux et les modestes mariages organisés au cours des 21 derniers mois de guerre, notamment ceux de soldats réservistes contraints de célébrer leur union sur le terrain : « Ce que nous dénonçons, c’est cette provocation – organiser un mariage dans le lieu le plus cher du pays, alors que nos soldats se mariaient sur des caisses. C’est une protestation contre l’arrogance et la déconnexion. »

Dans les rangs de la gauche, certaines voix s’élèvent cependant pour appeler à ne pas perturber l’événement. Ainsi, la députée Naama Lazimi (Parti des Démocrates) a affirmé : « Il n’y a aucune raison d’interférer dans le mariage d’Avraham» – une pique ironique faisant référence à une confusion du Premier ministre lors du concours biblique lors duquel Avner avait remporté la troisième place et où Netanyahou avait mal nommé son propre fils. Elle a poursuivi : « Le vrai décalage, c’est la tenue même de cette célébration grandiose, sans la moindre retenue, sans conscience de la réalité nationale : alors que des citoyens passent des nuits sans sommeil, sombrent dans le désespoir, pleurent leurs morts et perdent leur humanité face à l’attitude de celui qui dirige ce pays. »

Lazimi a ajouté : « Cette image reflète mieux que tout l’écart moral entre la douleur du peuple et le cynisme du chef du gouvernement. Ne perturbez pas ce spectacle de déconnexion et de vanité. Ne lui offrez pas un nouveau prétexte pour souder les rangs autour d’une manipulation médiatique. Laissez cette réalité absurde se révéler telle qu’elle est. »

L’acteur Yossi Marshak a, lui aussi, appelé à la retenue : « Que personne n’ose gâcher le mariage d’Avner. C’est la chose la plus stupide qu’on puisse imaginer. Certes, se marier en pleine guerre n’est ni normal ni convenable, mais venir gâcher la fête est encore plus idiot et inutile. »

Le journaliste Yaron Avraham, identifié avec la gauche et le mouvement d'opposition au Premier ministre, a posté sur X: « Avner Netanyahu a le droit de se marier quand et où il le souhaite, et l’idée de perturber cet événement est :

1. violente,

2. peu judicieuse,

3. totalement inefficace – et si elle a un effet, ce sera à l’opposé de ce que souhaitent les manifestants,

4. une preuve supplémentaire que la haine aveugle existe aussi bien chez ceux qui s’irritent du nom Netanyahu que chez ceux qui l’idolâtrent. »