Lors d’un point presse mardi, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a vivement critiqué la BBC pour son traitement de l’information sur le Hamas, l’accusant de manquer de rigueur journalistique.
« L’administration Trump est au courant de ces informations et nous en vérifions actuellement la véracité. Contrairement à certains médias, nous ne prenons pas pour argent comptant les déclarations du Hamas. Nous enquêtons avant de les reprendre. » a-t-elle répondu à une question portant sur des soi-disant tirs israéliens visant des Palestiniens venus chercher de l’aide au centre humanitaire de Gaza. Une pique claire à l’encontre de la BBC, qu’elle a accusée d’avoir publié plusieurs titres alarmants — « Un char israélien tue 26 personnes », « Des tirs israéliens font 31 morts » — avant de finalement retirer tout l’article en déclarant « Nous avons examiné les images et n’avons trouvé aucune preuve ». Face à ces accusations, la BBC a publié un communiqué catégorique : « Affirmer que nous avons retiré un article après avoir revu des images est totalement faux. Aucun article n’a été supprimé, et nous maintenons notre travail journalistique. »
Le média britannique précise que ses articles sur l’incident au centre de distribution d’aide de dimanche ont été mis à jour tout au long de la journée, en fonction des chiffres communiqués par différentes sources : d’abord 15 morts selon les secours, puis 31 selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas, et enfin "au moins 21" selon la Croix-Rouge. « C’est une pratique habituelle dans la couverture d’un événement en cours », affirme la BBC qui a appellé la Maison-Blanche à aider les journalistes internationaux à accéder à Gaza.
Une couverture sous le feu des critiques
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, la BBC fait l’objet de nombreuses critiques, notamment pour son choix de qualifier le Hamas de « groupe militant » plutôt que de groupe terroriste.
En septembre 2024, l’avocat britannique Trevor Asserson a publié un rapport accablant affirmant que la BBC avait enfreint plus de 1 500 fois ses propres lignes éditoriales dans sa couverture du conflit, révélant un « biais préoccupant contre Israël ». Le rapport note que le terme « génocide » a été associé à Israël 14 fois plus souvent qu’au Hamas.
Le Comité pour l’exactitude dans la couverture du Moyen-Orient a relevé que sur 145 articles mentionnant le Hamas publiés entre janvier et avril 2025, seuls 8 % l’ont qualifié explicitement de groupe terroriste.
La BBC a également été contrainte de rétracter une déclaration du chef humanitaire de l’ONU, Tom Fletcher, affirmant que 14 000 bébés mourraient à Gaza dans les 48 heures sans aide — chiffre exagéré, basé sur un rapport estimant plutôt des cas de malnutrition sévère sur une année.
Enfin, en février, la BBC avait déjà présenté des excuses après qu’un présentateur a qualifié de « prisonniers » trois otages israéliens récemment libérés et.le réalisateur israélien Yariv Mozer a révélé qu’il avait dû accepter que le Hamas ne soit pas qualifié de groupe terroriste pour que son documentaire sur le festival Nova soit diffusé par la BBC. « C’était un compromis que j’étais prêt à faire pour que le public britannique voie les atrocités et juge par lui-même », a-t-il confié.