Culture

Les manuscrits de la mer Morte re-datés grâce à l’IA : des fragments plus anciens qu’on ne le pensait

Une équipe internationalea combiné datation au carbone 14, analyse paléographique et intelligence artificielle pour affiner la datation des manuscrits de la mer Morte.

2 minutes
5 juin 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Les manuscrits de la mer Morte re-datés grâce à l’IA : des fragments plus anciens qu’on ne le pensait
Fragments des manuscrits de la Mer Morte

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

À l’aide d’un modèle de deep learning baptisé Enoch -qui combineé datation au carbone 14, analyse paléographique et intelligence artificielle- les chercheurs ont analysé les images numérisées de 135 fragments. Le système a été entraîné à reconnaître des micro-traces d’encre – courbures, formes de lettres – croisées avec de nouveaux résultats de datation radiocarbone sur 24 échantillons. Résultat : une marge d’erreur réduite à ±30 ans, plus précise que la méthode traditionnelle.

Jusqu’ici, les manuscrits étaient datés de manière approximative entre le IIIe siècle av. J.-C. et le IIe siècle apr. J.-C., faute de documents hébraïques ou araméens de référence et cette méthode comble cette lacune », explique le professeur Mladen Popović, directeur de l’Institut de Qumran, du nom du site situé à seulement 1,5 km de la côte nord-ouest de la mer Morte dans le désert de Judée où ont été découverts les rouleaux de la mer Morte. Les fragments en écriture de type hasmonéenne seraient ainsi antérieurs aux années 150–50 av. J.-C., et ceux de style hérodien remonteraient à la fin du IIe siècle av. J.-C., montrant une coexistence des styles.

Le site de Qumran, crédit Flash90

Deux fragments bibliques – Daniel (4Q114) et Qohelet (4Q109) – dateraient respectivement du début des années 160 av. J.-C. et du IIIe siècle av. J.-C., ce qui coïncide avec les périodes supposées de rédaction des textes. Cette nouvelle datation prouve donc que certaines parties de ces livres ont été rédigées du vivant de leurs auteurs présumés. L’IA ne remplace pas les paléographes mais enrichit leur analyse. et à terme, plus de mille fragments pourraient être re-datés.

Les autorités archéologiques israéliennes se félicitent aussi de cette avancée qui va permettre aux chercheurs de réexaminer la circulation des textes bibliques à la lumière des bouleversements politiques et culturels de la Judée hellénistique et romaine. .Le modèle Enoch pourrait à l’avenir être appliqué à d’autres corpus, comme les papyri grecs ou codex médiévaux. À terme, l’outil sera mis en libre accès pour la communauté scientifique.