Israël

La lettre de Yonatan Pollard à Yuli Edelstein

Sur fond de tensions autour de la loi de conscription pour les orthodoxes, Yonatan Pollard a écrit au député Yuli Edelstein.

3 minutes
5 juin 2025

ParGuitel Benishay

La lettre de Yonatan Pollard à Yuli Edelstein
Photo by Noam Revkin Fenton/Flash90

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Dans le débat autour de la loi sur la conscription des orthodoxes, Yuli Edelstein, député Likoud, joue un rôle central. En effet, en tant que président de la commission Affaires étrangères et Défense de la Knesset, c'est lui qui dirige les travaux parlementaires autour de cette loi.

Edelstein est partisan d'une ligne dure et de l'application de sanctions sévères contre les élèves de yeshiva qui refuseraient de s'enrôler, ce qui suscite la colère des partis orthodoxes. C'est sur la base de cette intransigeance que ces derniers ont décidé de voter la semaine prochaine pour la dissolution de la Knesset.

Dans ce contexte, Yonatan Pollard a écrit une lettre à Yuli Edelstein pour lui demander d'assouplir sa position afin de sauver le gouvernement, un acte nécessaire, selon lui, pour ne pas perdre la guerre à Gaza.

Pollard, qui se souvient du soutien d’Edelstein à son égard lorsqu’il était encore détenu — notamment sa visite en prison en tant que ministre de l’Intégration en 1997 —, écrit : « Je t’écris en tant qu’ami, profondément reconnaissant pour toute l’aide que tu as apportée à Esther (z’’l) et à moi-même au fil des années d’épreuves. Je n’oublierai jamais ton courage dans les moments où ceux qui plaidaient pour ma libération étaient marginalisés et réduits au silence. »

Faisant l’éloge de l’engagement sioniste et des valeurs d’Edelstein, ancien refuznik, et de son action inlassable pour défendre la sécurité d’Israël, Pollard déclare comprendre et même partager ses positions sur la question du service militaire. Cependant, il estime qu’en l’état actuel, les conséquences d’un effondrement de la coalition dépasseraient toute autre considération.

« J’ai moi-même des critiques sévères envers le gouvernement et son chef, que je n’ai jamais hésité à exprimer », écrit-il. « Mais les faits sont aujourd’hui incontestables : la chute du gouvernement entraînerait inévitablement l’arrêt de la guerre, et une incapacité totale à mener les actions nécessaires pour la remporter. »

Pollard va plus loin, affirmant que si le gouvernement chutait, la conseillère juridique du gouvernement décrèterait qu'il n'est plus en droit de prendre des décisions et transférerait ce pouvoir à des technocrates, mettant ainsi fin de facto à la guerre.

En conclusion, il lance un appel solennel à Edelstein: « La mission suprême est de vaincre le Hamas. Yuli, la Providence a placé entre tes mains le sort de cette guerre. Le blâme justifié envers les orthodoxes qui refusent de faire des concessions ne nous sauvera pas si nous nous condamnons nous-mêmes à la défaite. Ne laisse pas le gouvernement tomber. Nous ne pouvons pas nous permettre d’offrir un tel cadeau au Hamas. »