Soutien affiché du mouvement BDS, défenseur des comparaisons entre les opérations israéliennes à Gaza et un « génocide », gréviste de la faim aux côtés de militants pro-palestiniens célèbres… Zohran Mamdani est devenu le principal adversaire d’Andrew Cuomo dans la course à la mairie de New York. Son ascension rapide, désormais appuyée par une figure de premier plan du Congrès américain, inquiète sérieusement les milieux pro-israéliens.
Lors du premier débat télévisé, peu de téléspectateurs savaient encore prononcer correctement son nom. Mais lorsque la question de l’antisémitisme est abordée, Andrew Cuomo – l’ancien gouverneur en quête de retour – n’a pas hésité : « Lui, il n’ira pas en Israël », a-t-il lancé en désignant son rival, après avoir promis de se rendre lui-même en Israël.

Sans crédit mentionné
Mamdani, 33 ans, est resté imperturbable. « Je soutiendrai les Juifs new-yorkais, et je les rencontrerai, pas dans un pays étranger », a-t-il répliqué. Interrogé ensuite sur son soutien à l’existence d’Israël comme État juif, il a éludé, avant de concéder : « Je crois qu’Israël doit exister – comme un État garantissant des droits égaux pour tous. »
Quelques heures plus tard, une alerte du New York Times tombait : Alexandria Ocasio-Cortez, représentante du Bronx au Congrès et star de l’aile gauche démocrate, annonçait officiellement son soutien à Mamdani. « Il a démontré une capacité rare à fédérer les New-Yorkais issus des classes populaires. C’est la coalition la plus forte pour remporter cette élection », a-t-elle déclaré. Son appui, devenu viral sur les réseaux sociaux, a été perçu comme une réponse directe aux critiques sur les positions de Mamdani vis-à-vis d’Israël.
Originaire du Queens, élu à l’Assemblée de l’État de New York et membre des Socialistes Démocrates d’Amérique, Mamdani s’est hissé à la seconde place dans les sondages en quelques semaines, porté par des dons massifs de petits contributeurs, l’appui de syndicats et un soutien massif chez les jeunes et les minorités. Candidat inattendu, il s’est imposé comme le principal rival de Cuomo, soutenu lui par les grands syndicats, les élites économiques et l’establishment politique.
Les autres candidats – dont le contrôleur municipal juif Brad Lander, son prédécesseur Scott Stringer ou la conseillère municipale Adrienne Adams – plafonnent tous sous la barre des 10 %. Le duel semble donc scellé : Cuomo autour de 35 %, Mamdani à 23 %.
À New York, la communauté juive, la plus grande communauté hors d’Israël, s'inquiète. Si Cuomo s’affiche régulièrement comme un allié d’Israël, arborant notamment une broche en soutien aux otages retenus à Gaza., Mamdani, lui, assume son soutien au BDS, et son statut de défenseur de la qualification de « génocide, il a même mené une grève de la faim devant la Maison-Blanche aux côtés de l’actrice Cynthia Nixon – aujourd’hui figure incontournable de la critique d’Israël à Hollywood.
Il est même allé plus loin : en cas de victoire, Mamdani a promis qu’il ordonnerait l’arrestation du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu s’il devait poser le pied à New York, en référence au mandat d’arrêt émis contre lui par la Cour pénale internationale.
Il a de qui tenir
Né à Kampala, en Ouganda, Mamdani a émigré à New York à l’âge de sept ans. Son père, Mahmood Mamdani, intellectuel ougandais d’origine indo-musulmane, professeur à Columbia est considéré comme l’un des plus virulents détracteurs du sionisme dans le monde universitaire. Sa mère, Mira Nair, célèbre réalisatrice indienne, a elle aussi boycotté Israël en 2013, refusant de participer au Festival du film de Haïfa, qualifiant l’État hébreu d’« État d’apartheid », et affirmant qu’elle ne s’y rendrait que lorsque « l’occupation prendra fin » et qu’« aucune religion n’aura la priorité sur une autre ».

Andrew Cuomo et Benyamin Netanyahu à Jérusalem en 2017, crédit : Flash90
Les primaires démocrates se tiendront le 24 juin. Le vainqueur affrontera en novembre le maire sortant, Eric Adams, désormais candidat indépendant après avoir rompu avec son parti dans un climat de scandale et de chute de popularité. Malgré ses liens historiquement solides avec la communauté juive et son soutien affiché à Israël, Adams ne recueille aujourd’hui que 19 % d’intentions de vote selon le dernier sondage – très loin derrière le favori démocrate. Son rapprochement récent avec Donald Trump, qui lui a accordé une grâce présidentielle, lui a aliéné une large partie de l’électorat démocrate.