International

Le bras de fer se durcit entre Israël et la Colombie

Les visas sont désormais obligatoires pour les Israéliens désireux de se rendre en Colombie – et vice-versa

3 minutes
9 juin 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Le bras de fer se durcit entre Israël et la Colombie
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L'escalade diplomatique entre la Colombie et Israël franchit une nouvelle étape.

Les tensions diplomatiques entre la Colombie et Israël continuent de s’intensifier. Après qu'Israël ait récemment décidé que les Colombiens ne pourront entrer sur son territoire que munis d'un visa, Bogota vient d’annoncer une nouvelle mesure obligeant désormais les ressortissants israéliens à en obtenir un visa pour entrer dans le pays, même pour des séjours de courte durée. La décision a été publiée par le ministère colombien des Affaires étrangères dans un projet de réglementation actualisé listant les pays exemptés de visa – une liste dont Israël ne fait désormais plus partie. Outre Israël, la Colombie a placé dans sa nouvelle liste de pays soumis à visa d’entrée des États comme l’Iran, la Corée du Nord, le Pakistan, la Chine, l’Inde, Cuba, le Soudan et l’Éthiopie. À l’inverse, 99 nationalités, dont celles des États-Unis, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, du Brésil ou encore du Chili, restent exemptées.

Cette annonce intervient quelques jours seulement après la nomination de Jorge Iván Ospina, ancien maire de Cali, comme « ambassadeur de Colombie en Palestine ». Ce geste s’inscrit dans une série de signaux clairs envoyés par le gouvernement du président Gustavo Petro, qui ne cache plus son hostilité à l’égard d’Israël depuis le déclenchement de la guerre à Gaza. L’an dernier, la Colombie avait déjà rompu officiellement ses relations diplomatiques avec Israël, et exprimé son intention d’ouvrir une ambassade à Ramallah.

Pour les touristes israéliens, cette nouvelle contrainte reste relativement légère : la demande de visa pourra se faire en ligne, moyennant le remplissage d’un formulaire et le paiement de frais administratifs. Mais sur le plan symbolique, elle illustre un nouveau palier franchi dans le désengagement politique entre les deux pays. Ce changement pourrait affecter les flux touristiques : la Colombie est depuis plusieurs années une destination très prisée par les jeunes Israéliens après leur service militaire. Des dizaines de milliers d’entre eux y voyagent chaque année, certains s’y installent même pour y développer des affaires dans le secteur de l’hôtellerie et de la vie nocturne.

Cette escalade illustre la dégradation croissante des relations entre Israël et un pays autrefois considéré comme partenaire en Amérique latine. Reste à voir si ce bras de fer diplomatique s’arrêtera à l’imposition réciproque de visas ou s’il glissera vers une rupture plus profonde, aux conséquences économiques et stratégiques plus lourdes. Pour les voyageurs israéliens, une chose est sûre : il faudra désormais anticiper un peu plus avant de s’envoler pour Carthagène ou Medellín.