Le dernier rapport du ministère israélien de la Santé pour l’année 2023 révèle de profondes disparités entre le centre et la périphérie. Ces inégalités se reflètent dans l’espérance de vie, l’accès aux soins, la disponibilité des professionnels de santé et les taux de mortalité.
L’espérance de vie moyenne en Israël en 2023 était de 83,3 ans, poursuivant une légère hausse. Toutefois, elle varie fortement selon les populations et les régions :
Les hommes arabes ont une espérance de vie de 78,2 ans, bien inférieure à celle des hommes juifs.
Les femmes arabes ont vu leur espérance de vie augmenter de 2,3 ans en dix ans, réduisant ainsi l’écart avec les femmes juives.
Tel Aviv affiche l’espérance de vie la plus élevée, ce que le ministère attribue à des facteurs socio-économiques, des infrastructures développées et une meilleure sensibilisation à la santé.
La guerre a également eu un impact : en 2023, l’espérance de vie des hommes juifs diminue de 11 mois lorsqu'on inclut les décès liés au conflit, et de 4 mois chez les femmes.
Le taux de mortalité standardisé était de 4,4 pour 1 000 habitants en 2023, en baisse par rapport à 2022. Toutefois, les taux restent plus élevés dans le Nord, le Sud et Haïfa, et plus faibles dans les zones centrales et à Jérusalem.
L’écart entre les taux de mortalité juifs et arabes était de 18,6 %, et de 24,4 % en excluant les morts de guerre. Les nourrissons arabes sont particulièrement touchés, avec un taux de mortalité 2,7 fois supérieur à celui des nourrissons juifs, atteignant un pic dans le Sud où le ratio est de 1 à 4.
Le rapport pointe également la pénurie de ressources médicales :
Israël dispose de 1,716 lit d’hôpital pour 1000 habitants, contre 3,81 dans la moyenne OCDE.
Le Sud et le Nord sont les moins bien pourvus, alors que Tel Aviv, Haïfa et Jérusalem dépassent la moyenne.
Les lits psychiatriques sont également insuffisants, à 0,36 pour 1000 habitants (OCDE : 0,67), avec des pénuries marquées au Sud, Nord et à Jérusalem.
Concernant les lits de rééducation, essentiels en temps de guerre, les zones périphériques en manquent, tandis que Tel Aviv et le centre sont mieux équipés. La situation est similaire pour les lits gériatriques.
Le nombre de médecins est passé à 3,9 pour 1000 habitants entre 2021 et 2023 (contre 3,3 en 2012–2014), légèrement supérieur à la moyenne OCDE (3,7).
Les régions les mieux dotées sont Tel Aviv, Haïfa et le centre, tandis que le Sud, le Nord et Jérusalem sont en sous-effectif.
Les infirmiers et infirmières sont également insuffisants : 5,4 pour 1000 habitants (OCDE : 9,4).
Des écarts notables apparaissent aussi pour les dentistes (1,1 pour 1000 à Tel Aviv, mais seulement 0,5 dans le Sud) et pour d'autres professions comme les audiologistes, kinésithérapeutes et ergothérapeutes, dont la densité est bien inférieure dans les régions périphériques.

Inauguration de l'hôpital Assuta à Beer Sheva le 5 juin dernier. Photo by Liron Moldovan/Flash90
Environ 32000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués chaque année. Or, 59 % des traitements sont administrés dans les grands hôpitaux, dont 32 % à Tel Aviv. Cela oblige de nombreux patients de la périphérie à parcourir de longues distances pour recevoir leurs soins, créant un déséquilibre dans la prise en charge, surtout en situation d’urgence.
Face à ces constats, le ministère de la Santé a investi plus de 300 millions de shekels entre 2024 et 2025 dans des programmes visant à :
renforcer les infrastructures médicales en périphérie ;
améliorer l'accès aux soins pour les populations arabe, haredie et éthiopienne ;
encourager les caisses d’assurance maladie à ouvrir de nouveaux services dans les zones défavorisées.
Un budget spécifique de 100 millions de shekels a été alloué au développement des infrastructures de santé dans la société arabe. Les hôpitaux de la périphérie reçoivent également un meilleur financement dans les plans nationaux.
Il y a quelques jours seulement, le Premier ministre a inauguré un nouvel hôpital à Beer Sheva et promis qu'il s'agissait d'un pas supplémentaire vers une réduction des inégalités entre le centre et la périphérie.