La ministre de l'Environnement Idit Silman a adressé une lettre officielle au commissaire de police exigeant "la répression des nuisances sonores provenant des lieux de culte" et réclamant l'ouverture d'une enquête contre trois mosquées situées à Jaffa, Lod et Jérusalem pour "manquement à leur devoir de gérer ces nuisances".
Cette initiative s'inscrit dans le cadre du projet gouvernemental "Villes tranquilles", qui prévoit le déploiement de technologies de pointe pour lutter contre la pollution sonore. Selon le communiqué ministeriel, le ministère collabore avec le Réseau numérique national pour installer des "détecteurs de bruit intelligents et des caméras acoustiques" permettant "d'identifier les sources de bruit et de permettre une réponse rapide et efficace des autorités locales".
La ministre a également annoncé la mise à disposition du public d'outils numériques pour mesurer le bruit et signaler les anomalies sonores. "Il ne s'agit pas seulement d'un problème environnemental, mais aussi d'un défi de gouvernance", a déclaré Silman.
Cette démarche s'inscrit dans une longue controverse autour des appels à la prière musulmane en Israël. En 2016, une mosquée de Lod avait reçu une amende de 200 euros de la municipalité pour "pollution sonore" liée aux appels à la prière, constituant un précédent dans cette problématique. L'année suivante, en 2017, des projets de loi visaient à interdire l'utilisation de haut-parleurs entre 23h et 07h pour l'appel du muezzin, ce qui aurait pour effet de réduire au silence le premier des cinq appels quotidiens à la prière.
Plus récemment, en décembre 2024, le ministre Ben-Gvir a interdit l'appel à la prière des mosquées, invoquant le fait que le bruit "dérangerait" les Israéliens vivant à proximité. Concrètement, la police peut désormais confisquer les haut-parleurs et infliger des amendes, même si aucune de ces mesures n'a encore été appliquée.
Ces initiatives sont largement condamnées par les députés arabes qui y voient une démarche raciste. Dans les faits, un grand nombre de riverains israéliens résidant dans les villes mixtes où les mosquées sont nombreuses dénoncent une atteinte à leur qualité de vie. Ils sont en effet régulièrement réveillés en pleine nuit ou très tôt le matin par les appels du muezzin, dont le niveau sonore est particulièrement élevé.
Les nouvelles technologies déployées par le ministère de l'Environnement visent à objectiver la mesure des nuisances sonores. Cette approche technique pourrait permettre d'établir des critères précis pour évaluer les violations des normes acoustiques, dans un contexte où les plaintes restaient jusqu'à présent largement subjectives.