Scénario 1 : Le pari gagnant
Dans cette version optimiste, la frappe israélienne atteint tous ses objectifs. Les installations nucléaires sont gravement endommagées, voire détruites. Les pilotes rentrent sains et saufs. Israël frappe en plusieurs vagues, profitant de la faiblesse de la défense aérienne iranienne et du silence forcé du Hezbollah et du Hamas, affaiblis. L’Iran réagit par des tirs de missiles, avec l’appui des Houthis au Yémen, mais les systèmes de défense israéliens, renforcés par une coopération américaine et régionale, interceptent la majorité des projectiles.
Sous pression internationale, Washington se joint à l'opération de manière limitée, puis impose, avec le soutien du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne, des sanctions paralysantes à Téhéran. Même la Chine et la Russie, à contrecœur, finissent par les accepter. Résultat : la monnaie iranienne s’effondre, la population descend dans la rue, et pour la première fois depuis 2009, le régime vacille. L’onde de choc géopolitique est majeure. Israël émerge en vainqueur, scelle un accord de paix à Gaza, facilite le retour des otages, marginalise les dirigeants du Hamas, et initie une normalisation avec l’Arabie saoudite, voire la Syrie et le Liban. Le pays regagne en légitimité internationale, et son économie repart à la hausse.
Scénario 2 : Succès partiel, répercussions majeures
Dans cette version plus nuancée, Israël réussit à porter un coup sévère mais non décisif au programme nucléaire iranien. Contrairement aux frappes historiques contre l’Irak en 1981 ou la Syrie en 2007, les dégâts infligés ne suffisent pas à anéantir la menace. L’Iran réagit avec une riposte massive, lançant une pluie de missiles et de drones pendant plusieurs jours. Si une partie est interceptée, plusieurs frappent leur cible, causant des destructions importantes. Israël réplique, mais ses gains sont limités.
Parallèlement, ses ambassades sont visées, les actes antisémites se multiplient, et les gouvernements occidentaux sont sollicités pour protéger leurs communautés juives. La flambée des prix du pétrole, liée à la fermeture du détroit d’Ormuz, aggrave encore les tensions.
À l’intérieur de l’Iran, quelques manifestations éclatent, rapidement réprimées. Le régime durcit sa position, se retire du Traité de non-prolifération nucléaire et interdit tout contrôle de ses sites. L’Occident perd toute visibilité sur l’état du programme atomique iranien. L’instabilité s’étend à plusieurs pays arabes touchés par les frappes iraniennes : les gouvernements vacillent, répriment leurs opposants, tout en prenant publiquement leurs distances avec Israël, de peur d’être entraînés dans un conflit régional.
En Israël, la situation se complique. Le front gazaoui reste ouvert, les otages ne sont pas libérés, les tensions politiques internes s’exacerbent, notamment autour de la loi sur l’exemption militaire. L’inflation s’envole. Et une question cruciale émerge : la frappe a-t-elle vraiment retardé le programme nucléaire – ou vient-elle au contraire de l’accélérer ?
Scénario 3 : Échec lourd de conséquences
Dans ce scénario noir, Israël échoue à infliger des dommages significatifs aux infrastructures nucléaires. Plusieurs avions sont abattus, des pilotes tués ou capturés. L’Iran riposte massivement, causant des pertes humaines et des destructions civiles et militaires considérables en Israël. Les États-Unis sont eux aussi durement touchés, et une crise s’ouvre entre Netanyahu et Trump, ce dernier affirmant avoir mis en garde contre cette opération.
L’Iran annonce une guerre sans fin contre Israël et intensifie les tirs quotidiens de missiles et de drones. Toutes les compagnies aériennes étrangères suspendent leurs vols vers Tel-Aviv. Le fret maritime s’interrompt en raison des coûts d’assurance prohibitifs. Le monde arabe craint un renforcement de l’Iran, loin d’avoir été affaibli. En Occident, la grogne enfle : le souvenir de la guerre à Gaza, combiné à l’effondrement des marchés lié à la flambée énergétique, provoque un isolement diplomatique croissant d’Israël, auquel s’ajoutent sanctions et ruptures d’alliances.
Trois trajectoires bien distinctes, mais une seule réalité : chacune comporte des risques considérables. Tout dépendra des choix faits au sommet de l’État, de la qualité des renseignements, de l’anticipation diplomatique et de la capacité à ne pas sacrifier la stratégie à la politique intérieure.