Le porte-parole de Tsahal a confirmé que plus de cent drones avaient été envoyés vers Israël. Un chiffre impressionnant en apparence, mais dont il faut décoder la portée.
D’un point de vue militaire, les drones – ou UAV – sont aujourd’hui l’arme la plus accessible pour Téhéran. Ils peuvent être lancés rapidement, même sans coordination sophistiquée. Cela suggère, après les frappes de cette nuit, une difficulté temporaire ou pas du régime iranien à mobiliser ses stocks de missiles balistiques - de nombreux sites de lancement ont été ciblés cette nuit- ou à contourner les systèmes de défense israéliens déjà bien rodés à ce type de menaces. Les drones deviennent alors l'option de repli la plus immédiate – un moyen de montrer qu'on réagit, même si la charge utile reste limitée : quelques kilos d'explosifs au maximum, contre plusieurs centaines pour un missile.
Mais l'Iran tente peut-être ici un effet de saturation, misant sur le nombre pour compliquer le travail des systèmes de défense israéliens. La stratégie serait alors de multiplier les cibles, d'étirer les capacités d'interception, et surtout de générer un effet psychologique dans la population israélienne.
La réponse israélienne repose sur l’expérience accumulée. Tsahal a déjà dû faire face, ces derniers mois, à des vagues de drones – certains interceptés, d'autres abattus en vol, quelques-uns retombés avant d’atteindre leur but. Dans les cas les plus critiques, c’est la coopération internationale qui avait renforcé l'efficacité du bouclier israélien. Cette fois encore Israël ne serait pas seul à assurer sa défense. D’ailleurs, au cours des deux dernières semaines, plusieurs avions de transport américains ont atterri sur le sol israélien avec une aide conséquente : intercepteurs et munitions pour compléter les stocks et renforcer la préparation face à une attaque d’ampleur.
Il faut aussi rappeler que le recours massif aux drones ne signifie pas que des missiles balistiques ne seront pas tirés. Selon des sources israéliennes, l'Iran chercherait à combiner les deux. Mais les délais de vol laisseront à Israël quelques heures pour se préparer – surtout si les engins sont lancés depuis l’Irak ou plus à l’est.
Il est clair que l’Iran veut montrer sa capacité de nuisance et tester les réflexes israéliens. Le danger est réel, mais maîtrisable, estiment les experts militaires. Il n’y a pas lieu de paniquer. Les systèmes de défense israéliens sont pleinement opérationnels et les autorités appellent à la vigilance, c'est à dire d'être attentif aux consignes de la Défense Passive.