Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique -AIEA)- environ 15 000 centrifugeuses du site nucléaire de Natanz ont été endommagées ou détruites lors des dernières attaques attribuées à Israël. Un revers majeur pour le programme nucléaire iranien, qui perturbe sérieusement les capacités d’enrichissement d’uranium de Téhéran.
Le programme nucléaire iranien repose sur une chaîne de production complète, depuis l’extraction d’uranium dans les montagnes jusqu’à l’assemblage d’ogives nucléaires. L’uranium brut est transformé en « yellowcake » -concentré d’uranium-, puis en hexafluorure d’uranium (UF6), un gaz injecté dans les centrifugeuses.
Ces centrifugeuses, qui tournent à très haute vitesse, ont pour rôle d’enrichir l’uranium, c’est-à-dire d’augmenter la concentration en isotope uranium-235, indispensable à la fabrication d’une bombe. Tandis qu’un réacteur civil nécessite un enrichissement de 3 à 5 %, une arme nucléaire requiert un taux supérieur à 90 %. À l’issue du processus, l’uranium enrichi est converti en métal, base du cœur de la bombe, un composant qui exige un dispositif de détonation extrêmement complexe.
Le site d’enrichissement de Natanz, le plus grand et le plus stratégique d’Iran, a déjà été la cible d’opérations de sabotage par le passé. En 2010, Israël l’a attaqué avec le virus informatique Stuxnet, une cyberarme furtive qui a infiltré les systèmes industriels du site. En 2011, ce virus a provoqué un dysfonctionnement des centrifugeuses en les faisant tourner à une vitesse excessive, les endommageant de manière significative. Cette cyberattaque inédite a marqué un tournant dans la guerre numérique.
En avril 2021, une mystérieuse explosion a paralysé le système électrique du site souterrain de Natanz, détruisant des milliers de centrifugeuses supplémentaires. Téhéran a accusé Israël d’être responsable de ces deux attaques. Malgré ces coups durs, l’Iran est parvenu à réparer et même à moderniser le site, y installant ces dernières années des centrifugeuses de nouvelle génération, plus performantes.
En réaction au sabotage de 2021, l’Iran avait annoncé relever le niveau d’enrichissement à 60 % et ajouter 1 000 centrifugeuses avancées à Natanz.
La récente attaque, qui aurait endommagé quelque 15 000 centrifugeuses, représente un coup dur sans précédent.
Il faudra probablement des années à l’Iran pour se remettre d’un tel coup porté à ses capacités d’enrichissement. Néanmoins, Israël n’a sans doute pas « anéanti » le programme nucléaire, mais l’a sévèrement entravé. Mais la Chine ou la Russie pourraient aider Téhéran à reconstruire rapidement ses installations.