International

Le Portugal va abroger la loi permettant aux descendants de Juifs séfarades d'être naturalisés

Cette loi était entrée en vigueur en 2015 afin de "réparer une injustice historique" selon le gouvernement de l'époque

2 minutes
24 juin 2025

ParJohanna Afriat

Le Portugal va abroger la loi permettant aux descendants de Juifs séfarades d'être naturalisés
Drapeau du portugal

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

Le gouvernement portugais a annoncé lundi son intention d'abroger la loi permettant aux descendants des Juifs séfarades d'obtenir la nationalité portugaise, près de dix ans après sa mise en œuvre. Cette mesure, présentée comme une "réparation historique" en 2015, va disparaître du paysage juridique lusitanien.

"Ce régime s'inscrivait dans le cadre d'une démarche de réparation historique et avait un caractère exceptionnel", a expliqué le ministre porte-parole Antonio Leitao Amaro lors d'une conférence de presse. Selon lui, ce dispositif est désormais "révolu" et "cessera d'être en vigueur".

Cette loi visait à réparer une injustice vieille de plus de cinq siècles. À la fin du XVe siècle, les Juifs séfarades avaient été persécutés et expulsés du Portugal, dans le contexte de la Reconquista et de l'établissement de l'Inquisition. Le dispositif de 2015 offrait à leurs descendants dispersés à travers le monde une possibilité de "retour" symbolique par l'acquisition de la nationalité.

L'abrogation intervient après une série de controverses qui ont terni l'image de cette mesure. En 2022, les critères d'attribution avaient déjà été durcis suite à un scandale retentissant : l'oligarque russe Roman Abramovitch avait bénéficié de ce dispositif pour obtenir la nationalité portugaise, soulevant des questions sur la rigueur des procédures.

Cette affaire a révélé des dysfonctionnements plus profonds. Plusieurs responsables de la communauté juive portugaise ont été mis en examen, soupçonnés d'avoir délivré de faux certificats d'ascendance séfarade. Ces irrégularités présumées ont jeté le discrédit sur l'ensemble du dispositif et précipité sa remise en cause.

Cette abrogation s'inscrit dans une refonte plus large de la politique d'immigration menée par le gouvernement de droite, issu des élections du mois dernier. L'exécutif, qui ne dispose pas d'une majorité absolue au Parlement, devra soumettre ces réformes aux députés.

Les changements envisagés sont substantiels. La durée minimale de séjour pour demander la nationalité portugaise passerait de 5 à 7 ans pour les ressortissants des pays lusophones, et jusqu'à 10 ans pour les autres étrangers. Cette mesure toucherait notamment les communautés brésiliennes et africaines, historiquement liées au Portugal.

Doc et Moi
Ministère de l'Alya et de l'intégration
Fleuron Industries Recrutement