Un incident majeur a opposé vendredi soir une quarantaine d'habitants d'implantations israéliens aux forces de Tsahal dans le village palestinien de Kafr Malik, dans la région de Binyamin en Judée-Samarie, quelques jours après de violents événements qui avaient fait des morts dans ce même village. Six suspects ont été arrêtés. Un jeune Juif de 14 ans a été accidentellement blessé après des tirs de semonce des soldats.
Les forces israéliennes sont intervenues vendredi soir pour disperser un rassemblement de "jeunes des collines" dans le village situé près de Ramallah. Selon les sources sécuritaires, les jeunes extrêmistes, apparemment venus d'un avant-poste établi près du village, ont violemment attaqué les soldats venus les disperser.
Les soldats de réserve d'un bataillon de Gaza arrivés sur place rapportent avoir été battus, étranglés et lapidés par ces jeunes. Le commandant du bataillon lui-même figure parmi les militaires agressés. Les assaillants ont également crevé les pneus des véhicules des forces de sécurité.
Versions contradictoires des événements
Les témoignages divergent sur le déroulement exact des faits. Selon les habitants d'implantations présents, l'affrontement a éclaté lorsque le commandant du bataillon est sorti de son véhicule et a commencé à tirer en l'air en criant et menaçant. L'armée confirme avoir tiré trois coups de semonce, mais uniquement "après que l'incident ait échappé à tout contrôle".
Dans leur version des faits, les "jeunes des collines" affirment que l'incident a débuté vers le début du shabbat, quand ils sont revenus sur site après avoir appris que "des Arabes prévoyaient de venir incendier les lieux". Vers 22 heures, craignant qu'un véhicule aux phares éteints soit hostile, ils s'en sont approchés avant de découvrir qu'il s'agissait de la jeep du commandant du secteur.
Selon le récit des agresseurs, le commandant aurait immédiatement ouvert le feu à balles réelles au-dessus de leurs têtes en leur ordonnant de s'allonger. Des vidéos diffusées montrent effectivement les soldats leur ordonnant de lever les mains et de se coucher au sol.
Dans les enregistrements, on entend les habitants des implantations interpeller les militaires : "Quel genre d'hommes êtes-vous ? Les soldats arrivent ici avec des armes. Ils veulent nous tuer." Les militaires leur répondent de "la fermer", l'un d'eux lançant avec colère : "Vous avez causé tant de dégâts ici ces deux derniers jours ? Vous êtes des hommes, hein ?"
Ces résidents d'implantations affirment que le commandant a proféré des menaces explicites, déclarant notamment : "Vous m'avez donné assez de maux de tête ces derniers jours, je vais tous vous tuer."
Position officielle de Tsahal
Le porte-parole de Tsahal indique que les assaillants "se sont dirigés à bord de véhicules vers une zone militaire fermée". L'armée précise que "des dizaines de civils israéliens leur ont jeté des pierres et ont agressé les combattants avec violence physique et verbale" et ont "vandalisé et endommagé des véhicules des forces de sécurité".
"L'armée israélienne et la police israélienne condamnent toute manifestation de violence contre les forces de sécurité et agiront avec fermeté contre toute tentative de nuire aux membres des forces de sécurité", déclare le communiqué officiel.
Cet incident fait suite aux violents événements survenus mercredi dans le même village de Kafr Malik. Des dizaines de résidents d'implantations, dont certains masqués, avaient incendié des propriétés palestiniennes, provoquant des affrontements avec les habitants locaux.
Les forces de Tsahal, arrivées sur les lieux suite aux signalements d'incendies criminels, avaient essuyé des jets de pierres qui avaient blessé un officier. L'armée avait riposté par des tirs, faisant des morts et des blessés palestiniens. Cinq suspects israéliens avaient été arrêtés.
Une source militaire avait alors expliqué que "les forces armées sont arrivées très rapidement, ont senti que leurs vies étaient en danger et ont donc ouvert le feu. Les Palestiniens les ont encerclés de toutes parts et ont commencé à leur jeter des pierres."
En déplacement sur les lieux des attaques, le chef d'état-major Eyal Zamir a appelé Tsahal à agir avec force et détermination" contre les extrémistes des collines.
Condamnations très fermes du gouvernement
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a fermement condamné les violences des "jeunes des collines" à Binyamin. « Ces événements doivent faire l'objet d'une enquête approfondie et tous ceux qui ont violé la loi et agi contre nos soldats doivent être traduits en justice », a-t-il déclaré. « Ces personnes constituent une petite minorité qui ne représente pas la majorité absolue des habitants des implantations, qui respectent la loi et servent dans l'armée israélienne et les forces de sécurité. »
Réagissant également à ces événements, le président Herzog a qualifié cet acte de « grave et dangereux qui doit être condamné ». « Rien ne justifie la violence contre ceux qui consacrent leur vie à la protection de la sécurité de l'État. J'attends une enquête approfondie qui traduira en justice tous ceux qui ont violé la loi », a-t-il ajouté.
Le ministre de la Défense, Israël Katz, a lui aussi condamné « avec la plus grande fermeté » les violences contre les soldats et a appelé les dirigeants de Judée-Samarie à condamner également l'attaque. "J'appelle les autorités chargées de l'application de la loi à agir immédiatement pour localiser tous ceux qui ont eu recours à la violence et les traduire en justice, comme cela se fait partout", a ajouté le ministre Katz.