Le comité ministériel israélien pour la législation a approuvé ce dimanche un projet de loi controversé prévoyant la fermeture de la division de l’information de l'audiovisuel public "Kan". La proposition, portée par la députée Galit Distel Atbaryan (Likoud), entend réduire drastiquement le budget de ce service public, passant de 800 à 500 millions de shekels. Il est reproché au service d'information un biais politique ne reflétant pas la diversité des opinions dans le pays, contrevenant ainsi à son cahier des charges en tant qque service financé par les contribuables israéliens.
Outre la suppression de la division de l'information, le texte prévoit également :
La privatisation de la station de radio "Kan Reshet B", principal diffuseur d’actualités radio dans le pays ;
La fermeture de la chaîne arabe "Kan Makan", remplacée par une obligation de diffuser six heures de contenu en arabe par jour ;
La politisation de la gouvernance du groupe audiovisuel, en donnant au gouvernement un contrôle accru sur le Conseil de la corporation, organe chargé de superviser ses activités et son budget.
Face à cette annonce, la corporation publique "Kan" a vivement réagi : « Ce projet de loi, lancé en pleine guerre, vise à intimider la division de l'information et à favoriser des proches du pouvoir, désireux de récupérer des fréquences publiques et des parts du marché publicitaire, au détriment de l’intérêt général. »
Le communiqué rappelle qu’en pleine guerre contre l’Iran, les contenus d'information de "Kan" ont cumulé près de 250 millions de vues sur toutes ses plateformes numériques et télévisées. La station "Kan Reshet B" demeure la première radio d’actualité du pays, et les émissions en arabe de "Kan", en temps de guerre comme en temps normal, atteignent des millions de locuteurs arabophones.
L’institution souligne que la loi fondatrice de la corporation, initiée par le parti Likoud lui-même, garantit l’existence d’un service d'information libre et indépendant. Selon plusieurs sondages indépendants, les journaux télévisés de "Kan" sont régulièrement perçus comme les plus fiables d’Israël.
Enfin, "Kan" met en garde : la suppression de sa division d'information pourrait entraîner son exclusion immédiate de l’Union européenne de radio-télévision (UER/EBU) – un objectif revendiqué par certains États hostiles à Israël. Et ce, peu de temps après le succès israélien à l’Eurovision, qui a, selon l’organisme, constitué un atout majeur pour la diplomatie publique du pays.
« Malgré les pressions et les menaces, nous continuerons à agir de manière professionnelle, impartiale et sans crainte », conclut la déclaration de la corporation.