Vingt-cinq ans après son évacuation par Israël, la question, relancée ces dernières semaines par des élus et des responsables de Judée-Samarie, fait à nouveau l’objet d’une évaluation formelle au sein du Commandement central de Tsahal.
Si le sujet avait été mis de côté à cause de la guerre avec l’Iran, il revient désormais en haut de l’agenda politique et sécuritaire. Un rapport sur la faisabilité d’un tel projet devrait être présenté d’ici un mois. En parallèle, un grand colloque se tiendra mardi à la Knesset pour mobiliser le soutien politique en faveur du retour sur le site, avec la participation de ministres, députés, figures publiques et familles endeuillées.
Le sujet a été discuté pour la première fois de manière officielle il y a deux semaines, lors d'une session sécuritaire organisée par la sous-commission de la commission des Affaires étrangères et de la Défense sur la Judée-Samarie, présidée par le député Zvi Sukkot du parti Sionisme religieux. Parmi les intervenants figuraient le président du Conseil régional de Samarie, Yossi Dagan, l’un des artisans du projet, le colonel Lehat Shemesh, chef adjoint de l’Administration civile, et des représentants de l’appareil sécuritaire. Un officier du Commandement central a promis de soumettre une évaluation dans un délai de six semaines.
Le projet prend de l’ampleur, malgré les tensions. La semaine dernière encore, plusieurs dizaines de fidèles ultra-orthodoxes se sont introduits sur le site sans coordination sécuritaire, déclenchant des affrontements avec des Palestiniens : jets de pierres, plusieurs blessés légers et arrestations parmi les fidèles.
Derrière cette initiative se dessine aussi une inquiétude politique : les partisans du projet craignent que le Premier ministre Benyamin Netanyahu ne dissolve prochainement la Knesset pour provoquer des élections anticipées, ce qui pourrait tout remettre en question. Le colloque de mardi vise donc à accélérer le processus avant un éventuel chamboulement.
Le retour au Kever Yossef ne serait pas sans conséquences : il s’agirait d’un changement radical de statu quo, après plus de deux décennies, dans un lieu chargé symboliquement et situé en zone A, officiellement sous contrôle palestinien. A prévoir donc des réactions sans doute virulentes de la rue palestinienne, de l’Autorité palestinienne, mais aussi du côté de Washington et des capitales européennes.
Pour le député Sukkot, il est temps de réparer ce qu’il considère comme une erreur stratégique : « Il est inconcevable qu’Israël trahisse ses propres engagements en abandonnant un lieu aussi emblématique. Le Kever doit redevenir un site à présence juive permanente, au nom de notre souveraineté en Judée-Samarie. Le laisser entre les mains de l’Autorité palestinienne met directement en danger notre sécurité nationale. »

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Yossi Dagan abonde dans le même sens : « Après le 7 octobre, tout le monde a compris qu’on ne peut pas fuir le terrorisme. Il faut reprendre pied à Kever Yossef, pour renforcer la sécurité à Naplouse et dans tout le pays. »
L’initiative est également portée par le rabbin Doudou Ben Natan, directeur de la yeshiva "Péri Haaretz" à Rehelim, et père du sergent-chef Shouval Ben Natan, tombé en octobre dernier au Liban Sud : « En tant que père et en tant qu’éducateur, je lance un appel pour réparer cette injustice et revenir pleinement au Kever Yossef. »