L'une des dernières propositions "alléchantes" faites à Israël par des canaux officieux est venue de la part du contre-amiral à la retraite Jihat Yaik, très proche de Recep Erdogan, qui propose ni plus ni moins à Israël de conclure un pacte avec Ankara sur un partage des zones maritimes entre les deux pays en Méditerranée orientale sur le même modèle que l'alliance conclue entre la Turquie et la Libye au mois de juin. En vertu de cet accord, qui ne repose sur aucune base juridique internationale, Israël se verrait étendre de manière significative ses zones maritimes économiques afin d'y prospecter sur des gisements éventuels, mais sur le compte des eaux territoriales de Chypre ainsi que de 125 îles grecques dont la Turquie fait fi. La contrepartie d'un tel pacte serait donc la rupture de l'alliance stratégique scellée entre Israël, Chypre et la Grèce. Alliance dont le volet énergétique a été ensuite étendu à l'Egypte, la Jordanie et à l'Autorité Palestinienne.

C'est notamment en vertu de cette doctrine que le dictateur turc tente de poser ses pions loin des frontières de son pays, et pour lui, Israël est apparemment le verrou qu'il faudrait faire sauter en Méditerranée orientale pour briser l'alliance internationale qui se crée contre la Turquie dans cette région.
Pour cela, le néo-sultan a mis en sourdine ses féroces attaques contre l'Etat juif et il serait prêt à faire des "cadeaux" à Israël tout en serrant les dents : reprise de l'échange d'ambassadeurs ou "écouter" les doléances israéliennes concernant le soutien de la Turquie au Hamas. Recep Erdogan serait même prêt à autoriser le gazoduc sous-marin EastMed à passer par les côtes anatoliennes pour livrer le gaz israélien à l'Europe, ce qui en raccourcirait l'itinéraire. Ceci aurait pour effet de céder à la Turquie le robinet de exportations de gaz israélien vers le continent européen !
Pour Ehoud Yaari, comme pour quiconque n'a pas la mémoire courte et est doté d'un brin de bons sens, il serait irresponsable pour un gouvernement israélien de se laisser appâter par les doux chants de sirènes qui reviennent soudainement depuis Ankara. Le prix en serait trop lourd pour les alliances stratégiques scellées par Israël dans la région comme pour la fiabilité de l'Etat juif.
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