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Déferlement de haine anti-israélienne dans le journal Le Monde. Par Jacques Tarnero

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23 juin 2022

ParIsraJ

Déferlement de haine anti-israélienne dans le journal Le Monde. Par Jacques Tarnero
Photo: Fred Romero Wikipédia

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Déferlement de haine anti-arabe dans les rues de Jérusalem », tel est le titre de l’article publié le mardi 31 mai dernier, signé de Louis Imbert, correspondant du journal Le Monde en Israël. Un titre résume, ramasse ce qui sera
développé dans le texte qui suit. Ici, le texte raconte des scènes vues, mais la chose racontée est commentée par
le reporter non pas de façon à mieux comprendre les faits, mais à les distordre par un prisme idéologique fait de
préjugés.
Est-ce cela qu’on devrait lire dans un « quotidien de référence » ? L’écriture venimeuse est une affaire de style et les guillemets encadrant le qualificatif « réunifiée » à propos de la capitale d’Israël, précise les préférences de  l’auteur.

« Déferlement de haine antiarabe » signifierait un torrent irrépressible, une sorte de pogrom anti-arabe mené par
des Juifs. En quoi ce courant nationaliste-religieux représente-t-il le peuple d’Israël, la politique de son  gouvernement ? Ce groupe extrémiste est-il au pouvoir ? Le gouvernement n’a-t-il pas condamné ces manifestations ? (Pendant la « marche des drapeaux », à  Yom Yeroushalaïm - Ndr).

Dans son article, Louis Imbert détaille les comportements des fanatiques dont la « testostérone » éclaterait en
passant porte de Damas. C’est, en effet, un critère intéressant que de prendre en compte la part du plaisir quand il s’agit de haïr ou de tuer. A-t-il mesuré le taux de testostérone des Palestiniens qui ont massacré à la hache ou au couteau des civils israéliens le mois dernier ? Dix-neuf personnes assassinées en Israël au cours du seul mois
du ramadan n’émeuvent plus personne, par contre que l’État d’Israël célèbre sa capitale autant que l’histoire
trimillénaire de sa présence à Jérusalem, est un outrage pour toute bonne conscience indignée.
Imbert induit l’idée que la légitimité d’Israël sur sa terre ne serait justement pas légitime, qu’elle est un outrage
à l’histoire et au droit et tout son article laisse penser qu’au fond, c’est bien tout Israël qui est complice de cette
déferlante de haine antiarabe.
La chanson est connue et l’antiracisme dévoyé veut faire du Juif/Israélien le nouveau nazi, le colonialiste, le raciste. Tout le discours décolonial/indigéniste s’abreuve à cette fontaine. C’est cette détestation d’Israël
qui engendre ici même des justiciers allant assassiner des enfants juifs à Toulouse pour « venger la mort d’enfants
palestiniens ». Quel était le taux de testostérone de Mohamed Merah quand il a pris Myriam Monsonégo par
les cheveux avant de lui loger une balle dans la tête ?
Il y a une totale irresponsabilité médiatique à présenter de manière symétrique la violence de certains extrémistes juifs en Israël et la violence des masses hystérisées du Hamas. Ces choix, ces discours, ces passages à l’acte  n’obéissent pas aux mêmes logiciels de pensée. Projeter ses propres catégories intellectuelles de lecture sur une histoire, des mythologies, un imaginaire radicalement différents interdit d’en comprendre toute la complexité.
Quand les médias qualifient d’attentats-suicides » ceux qui se font exploser avec des ceintures de bombes, ils commettent une radicale erreur d’appréciation sur la qualité de ces gestes. Dans nos imaginaires, « suicide » évoque « désespoir ». Or il n’y a aucun désespoir suicidaire qui inspire ces assassins palestiniens mais bien plutôt
une jouissance mortifère qui consiste à donner la mort au prix de sa propre vie. La bombe humaine va puiser son
inspiration dans la vision du monde exaltée, proposée par le jihad dont le martyre est l’acmé.
On ne peut rien comprendre au projet islamiste si on le pense comme une forme de résistance contre Israël. En
élargissant la question, on peut estimer que ce qui se joue avec la menace nucléaire iranienne n’a rien à voir
avec un quelconque souci d’équilibre nucléaire entre l’Iran et Israël car ceux qui ont une vision apocalyptique
du monde n’hésiteront pas à utiliser leur arsenal pour aller au paradis en attaquant Israël. Pour l’Iran des ayatollahs, rayer Israël de la carte du monde est une mission sacrée. On pourrait alors imaginer les orgasmes collectifs si une bombe atomique pouvait détruire Tel Aviv, la première ville sioniste !
Et faut-il rappeler que le Hamas fait de la destruction de l’État juif l’âme de son projet. Quand des pluies de roquettes s’abattaient indistinctement sur tout Israël, était-ce pour le bonheur du peuple palestinien ou bien pour jouir de la mort de l’ennemi sioniste ? Ces tirs indistincts relevaient d’un projet d’anéantissement. Faut-il rappeler que le Hezbollah attend son heure pour lancer ses dizaines de milliers de roquettes sur Israël et que son
parrain iranien fabrique à bas bruit sa bombe atomique ? Imbert devrait savoir tout cela. La haine d’Israël est une haine métaphysique qui n’a rien à voir avec un combat nationaliste pour récupérer une terre, pour y construire une patrie. Quel est le plus cher désir de ceux qui égorgent ? Si les Palestiniens l’avaient voulu, depuis 2005, Gaza aurait pu devenir un exemple de prospérité au Proche Orient et défier Israël au plan de la création, de l’imagination, du bien pour leur peuple. Ils ont préféré en faire une base de haine. C’est le triste privilège des Juifs que d’avoir en héritage le récit de leur destruction par les nazis et d’avoir pour perspective d’avenir la promesse de leur destruction prochaine. Quand un attentat est commis en Israël, ce sont des bonbons que des gamins palestiniens distribuent aux passants pour célébrer ces faits d’armes. Depuis une année, les « accords d’Abraham » ont essayé d’introduire de nouvelles logiques politiques dans les relations d’Israël avec certains États  arabomusulmans. Ils essaient, difficilement, de sortir de cet enfermement qui faisait d’Israël la seule raison du malheur arabe. Hassan II qualifiait Israël de meilleur aphrodisiaque pour le monde arabe. Le roi du Maroc  introduisait la part de testostérone indispensable pour comprendre ce monde dont le ressentiment irrigue
tous les discours. Le malheur arabe est incontestable, le malheur palestinien est réel, mais la cause de ce malheur
réside en priorité dans ce goulag mental que des mythologies régressives ont installé au coeur du monde arabe et musulman. C’est une grande tristesse que de retrouver dans le journal Le Monde cette écriture qui obéit aux  pires clichés de propagande usant des renversements sémantiques attribuant à Israël des qualificatifs visant à le disqualifier le plus radicalement possible : nazi, raciste, apartheid sont les mots de la propagande inaugurée à Durban en 2001 quand, dans une conférence de l’ONU, on cria « mort aux Juifs » au nom de la lutte contre le racisme.

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». Les mots d’Albert Camus ont une solide  pertinence quand on lit certains articles du Monde.

 

Jacques Tarnero Essayiste, documentariste, ex-chercheur Cité des sciences/ CNRS Auteur des films Décryptage,  Autopsie d’un mensonge, et du livre Nom de trop

Article publié dans Actualité Juive numéro 1648

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Photo à la une: Fred Romero Wikipédia

 
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