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Le système de gouvernement en Israël est hautement centralisé. Les facteurs contributifs comprennent le système national proportionnel et la manigance au sein même des listes de partis, dans lesquels chacun offre une liste nationale de candidats qui ne peut être modifiée par les électeurs. Aucune flexibilité ni division en districts, aucune circonscription existante et donc aucune représentation. Il en résulte une préférence pour la politique nationale par rapport aux voix régionales et aux intérêts locaux. L’absence totale de lien entre les électeurs et leurs représentants: les membres de la Knesset n’ont pas d’engagement, par exemple, envers un canton en particulier, mais simplement avec quelques centaines de partisans dispersés dans tout le pays. Pour les critiques du système national, cela exclut presque tout engagement personnel des parlementaires envers leurs électeurs. L'introduction de circonscriptions pourrait renforcer les antennes locales des partis et établir un lien entre les électeurs et leurs représentants sans porter atteinte au principe de proportionnalité. La sous-représentation de la périphérie: le fait que tous les membres de la Knesset soient élus sur des listes de parti à l'échelle nationale prive la périphérie géographique d'une représentation juste. Résultat: ses intérêts ne sont pas entendus équitablement et ses habitants ne se sentent pas associés à ce qui se fait au niveau national. L’élaboration des listes de candidats élus, suite à une élection primaire, se fait à guichet fermé avec une participation moyenne et souvent minoritaire des fameux inscrits et détenteurs de la carte du parti. Les places sont chères, il faut beaucoup d’argent, de complices, de soutiens, de magouilles au sein de la caste. On garde aussi deux ou trois places bien en chair pour des intéressés, un visage féminin, un juif éthiopien ou bien un bon p’tit druze ancien combattant. On aime surtout nos ex guerriers, on adule l’uniforme, on le caresse dans le sens du poil et lui affirme qu’ayant mené les troupes au front, il n’aura aucun mal à mener Israël à la victoire. En fait ils furent, pour la plupart, les architectes des plus grandes défaites d’Israël, d’une traversée de la Bérézina au Gush Katif et beaucoup plus malheureusement, si affinités, prochainement! Il est donc bien évident que nous assistions à une érosion de la confiance dans les représentants élus. Cette loyauté des représentés envers les membres de la Knesset en particulier et dans les institutions du gouvernement en général a régulièrement diminué au cours de la dernière décennie. Cette usure provient en grande partie du fait que les membres de la Knesset ne sont motivés, d’aucune manière, par un lien fort et affectif avec les soucis et les désidératas des personnes qu'ils sont censés représenter et ne se sentent aucunement responsable au singulier comme au particulier. L’adoption d’un système de circonscription pourrait contribuer à raviver ces liens, qui se sont affaiblis au fil des ans. Au cours des premières décennies qui ont suivi l'indépendance, Israël a enregistré une très forte participation aux élections générales. Une baisse importante a été constatée depuis le début du nouveau siècle, à la suite d’élections fréquentes et anticipées. Il est probable que le taux de participation des électeurs augmenterait si les citoyens estimaient que la participation politique au niveau local et de la circonscription a une influence directe sur le niveau national. Il y a trop de partis politiques en Israël. L’adoption du système de circonscription et l’instauration de seuils d’éligibilités appropriés devraient permettre de réduire le nombre de partis et d’améliorer ainsi la stabilité du gouvernement et du système politique. Lorsque les mécanismes de représentation politique ne sont pas en mesure de représenter le peuple comme une unité, lorsque le processus de représentation ne représente pas la souveraineté populaire, lorsque l'égalité politique est trahie, lorsqu'il existe un écart important entre le système politique et la promesse démocratique, nous sommes confrontés à une crise de représentation. Tentons de comprendre celle-ci comme la traduction d’un redressement de la souveraineté populaire en actes de gouvernement et en lois. Cet acte de reconstruction n'est pas un simple miroir, mais on peut dire en quelque sorte que, puisqu'il n'y a pas de peuple apolitique, l'acte de représentation constitue à la fois le représentant et le représenté (le peuple). Comme dans de nombreux autres pays, Israël est confronté aujourd'hui à une crise de cette députation. L’évolution de cette crise de représentation en Israël présente un intérêt particulier pour deux raisons. Premièrement, la célérité des changements qui ont transformé une société dans laquelle, comme il a été dit plus haut, les partis étaient essentiels non seulement à l'organisation sociale et au système politique, mais également aux identités collectives et individuelles. Nous sommes aujourd’hui face à une société où les partis ont perdu la confiance des citoyens et sont considérés comme des institutions trahissant la volonté populaire. Deuxièmement, en raison du fait qu'une crise de représentation s'est développée dans un pays doté d'un système politique parlementaire, d'une représentation proportionnelle et d'un seuil d’éligibilité relativement bas, conditions qui offrent une vaste gamme d'options politiques et seraient censées mieux refléter les besoins et les intérêts des citoyens et de différents groupes sociaux, évitant ainsi des crises de représentation. Lors des discussions sur la crise actuelle en Israël, il convient de noter que ce dommage ne doit pas être interprété comme le résultat d’une perte d’intérêt pour la politique en tant que telle, ou de l’indifférence à l’égard du sort de la communauté politique. Au contraire, sur le plan international, les Israéliens restent très intéressés par la politique. Mais devenus majeurs et vaccinés, âgés de plus de 70 ans, le peuple compte bien être entendu, compris et soulagé face aux sujets cardinaux de son quotidien. Salaire, retraite, pouvoir d’achats, justice sociale pour tous, accès commun aux études, à la culture et aux loisirs…Israël pour un monde enchanté, un pied de nez, possible, à Mr Max Weber! En 1940, la philosophe Simone Weil rédige une Note sur la suppression générale des partis politiques. Elle livre une analyse sans concession. Entre le stalinisme et l'hitlérisme, elle voit le danger de l'endoctrinement. «Tous les partis font de la propagande», dit-elle. Or, pour elle, le critère du bien ne peut être que la vérité, la justice, et, en second lieu, l'utilité publique. A l'aune de ces trois valeurs, les partis, «machines à fabriquer de la passion collective», sont un danger. «Tout parti est totalitaire en germe et en aspiration», écrit-elle. Par leur organisation, ils sont mêmes destinés «à tuer dans les âmes le sens de la vérité et de la justice». Un diagnostic encore valable aujourd'hui ? L'intérêt de lire ou relire Simone Weil, au- delà de ses accès mystiques, est de se confronter à un esprit entier, qui refuse tout relativisme et fait de la vérité et de la justice, les principaux axes de sa pensée. « Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective. Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres. La première fin, et, en dernière analyse, l'unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite. Par ce triple caractère, tout parti est totalitaire en germe et en aspiration. S'il ne l'est pas en fait, c'est seulement parce que ceux qui l'entourent ne le sont pas moins que lui. Il est douteux qu'on puisse remédier à cette lèpre, qui nous tue, sans commencer par la suppression des partis politiques. »