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Gestion des manifestations: 2005 vs 2023. ”Pas la même époque, pas les mêmes personnes”

5 minutes
17 juillet 2023

ParIsraJ

Gestion des manifestations: 2005 vs 2023. ”Pas la même époque, pas les mêmes personnes”
Photo by Flash90.\n

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Dimanche dernier, Gali Baharav Miara, avait été priée de rendre des comptes devant le conseil des ministres, concernant la manière dont étaient gérées les manifestations actuelles contre le gouvernement.

Le gouvernement à l’unanimité avait reproché à Baharav Miara le traitement de faveur qui était réservé aux manifestants de gauche contrairement à ce qui se produit lorsque des orthodoxes, des membres de la communauté éthiopienne, des habitants de Judée-Samarie ou des Arabes manifestent.

Baharav Miara avait transmis des chiffres aux ministres qui les avaient confortés dans cette impression: sur 572 arrestations auxquelles la police a procédé pendant ces six mois de manifestations, seules 6 mises en examen ont été prononcées. Par ailleurs, contrairement à ce qui avait cours au moment des manifestations contre le retrait de Gaza, aucun des accusés n’a été incarcéré jusqu’au jugement.

Les témoignages ont afflué toute la semaine, de personnes ayant manifesté contre le retrait du Goush Katif et qui ont été emprisonnés pendant des semaines voire des mois pour avoir uniquement appelé à bloquer des routes.

Shay Malka, alors âgé de 20 ans, a raconté qu'il avait été arrêté après avoir dit qu'il fallait bloquer les axes de circulation pour protester contre le désengagement. Shay Malka était lui-même habitant du Goush Katif et sur le point d'être expulsé de chez lui. Il a été incarcéré pendant 4 mois. Puis, le tribunal l'a libéré en résidence surveillée. Sa peine a été levée lorsqu'après le retrait de Gaza, Shay Malka s'est retrouvé sans domicile: ''je n'avais plus de maison, donc je ne pouvais plus être en résidence surveillée'', souligne-t-il avec une triste ironie.

Ces arrestations et incarcérations ont également concerné des mineurs comme l'avait souligné à l'époque la représentante du public au sein du Parquet Me Inbal Rubinstein, lors d'un débat à la Knesset. Dans une vidéo d'archives publiée hier soir sur la chaine 14, on peut l'entendre raconter: ''Nous avons constaté que contre la plupart des personnes arrêtées (pendant les manifestations contre le retrait du Goush Katif, ndlr), il est quasiment impossible de prouver qu'ils ont fait usage de la violence ou qu'ils ont représenté une menace pour l'ordre public. Le tribunal a estimé qu'il suffisait d'un début de soupçon d'infraction à la loi pour arrêter des mineurs de 13 ans pendant une semaine, qu'il suffisait que leur présence sur les lieux d'un événement soit suspecte''.

Me Rubinstein ajoute: ''Vingt-huit personnes ont été mises en examen sans qu'il ne soit détaillé ce qui leur était reproché individuellement. Un avocat ne peut pas défendre son client dans de telles conditions. Les détentions préventives jusqu'au jugement ont été décrétées sans que les juges ne se soient penchés sur les dossiers des personnes concernées, comme le veut la procédure''. Me Rubinstein en conclut qu'il s'agissait d'un moyen de dissuasion pour le système judiciaire.

''Sur quasiment tous les dossiers concernant la libération de mineurs, le Parquet a fait appel. Ceux qui sont libérés font l'objet d'inspections à domicile, ce que nous ne voyons jamais dans d'autres types de dossiers. Il existe des instructions pour ne pas fermer ces dossiers''.

A l'époque, le Procureur était Shay Nitzan, le président de la Cour suprême, Aharon Barak, le conseiller juridique du gouvernement, Menny Mazouz, le chef de la police, Moshé Karadi. Aujourd'hui, ce dernier est souvent invité sur les plateaux de télévision pour dire tout le mal qu'il pense d'Itamar Ben Gvir et du gouvernement actuel.

 

Malgré cela, Gali Baharav Miara, dans sa réponse au gouvernement qu'elle a publié tard hier soir (dimanche), estime que tous les manifestants sont traités de la même manière, quelle que soit leur identité ou la cause pour laquelle ils manifestent.
Et elle précise: "Les lignes directrices et les procédures reflètent la complexité du traitement de la question des manifestations et des protestations, qui découle de l'importance capitale du droit à la liberté d'expression et du droit de manifester dans un régime démocratique, ainsi que de la compréhension que leur concrétisation exige un équilibre constant entre des droits et des intérêts opposés, selon les circonstances de chaque cas, conformément à l'indépendance du jugement et au professionnalisme des organes chargés de l'application. »

On pourrait résumer cette analyse par la phrase prononcée par Yaïr Lapid, lorsqu'il a été interrogé sur sa condamnation du blocage des routes lors du retrait de Gaza et sur son silence à ce sujet voire ses encouragements, ces derniers mois: ''Il s'agit d'une époque différente et ce ne sont pas les mêmes personnes''.

 

Pour Baharav Miara, les différences importantes entre les chiffres des arrestations et des mises en examen selon les manifestations, ne veulent pas dire qu'il existe une différence de traitement. En d'autres termes, si l'on veut lire entre les lignes, elle estime qu'on ne peut pas comparer le blocage d'une route par des orthodoxes qui seront évacués manu militari et la même action effectuée par des manifestants contre le gouvernement, face auxquels la police et la justice se comportent avec plus de compréhension.

Pas plus tard que cette semaine, le tribunal a relaxé deux jeunes coupables d'avoir jeté des torches sur Ayalon, dans le cadre d'une manifestation contre le gouvernement. La police avait demandé la prolongation de leur détention, la juge a estimé qu'il fallait prendre en compte le contexte dans lequel ils avaient commis cet acte d'autant plus qu'il s'agissait de jeunes au casier judiciaire vierge. Une empathie inédite.

 

Gali Baharav Miara, dans sa réponse au gouvernement, refuse donc de reconnaitre qu'il puisse exister des failles dans la manière de gérer les manifestations actuelles. Au contraire, elle maintien qu'il existe ''des instructions, des procédures écrites et uniques'' et qui s'appliquent à tous.

 







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