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”Des larmes derrière la me’hitsa”. Oria Mevorah

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27 septembre 2023

ParIsraJ

”Des larmes derrière la me’hitsa”. Oria Mevorah
Photo by Tomer Neuberg/Flash 90

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La douleur suscitée par les images de Yom Kippour à Tel Aviv ne passe pas. Une poignée de personnes ont décidé d'empêcher les prières publiques de se tenir, elles ont fait preuve d'un manque criant de respect, insultant, malmenant physiquement les fidèles et jetant à terre des livres de prière. Des images que l'on ne peut supporter de voir nulle part, encore moins en Israël. La majorité des Israéliens se sont insurgés contre ces comportements. 

D'après un sondage de la chaine 13, ils sont 58% à être en désaccord total (et 16% à se déclarer sans opinion) avec ces protestataires  qui ont décidé de se battre non plus contre une décision du gouvernement mais contre la religion juive, celle de leurs ancêtres et la base de notre présence sur cette terre. 

Photo by Tomer Neuberg/Flash 90


LPH vous livre une traduction libre, d'un texte écrit par Oria Mevorah, une fidèle, qui au sortir de Yom Kippour a décidé de livrer ses sentiments:

 

Je suis une femme juive qui vient de finir une journée de prières à la synagogue derrière une me'hitsa. Pour moi, c'était un Yom Kippour que je ne peux pas décrire avec des mots, tant son importance est puissante.

Combien de larmes ont été versées derrière la me'hitsa. Mes larmes, les larmes des mères à ma droite et à ma gauche, les larmes des petites filles, des vieilles dames, les larmes des femmes avec la tête couverte, les larmes des femmes en débardeurs, avec des cheveux longs et les yeux fermés, des torrents de douleur et de joie qui se sont écoulés avec ces mots saints dans un fleuve vieux de deux mille ans, les larmes des femmes juives.

Je suis une femme juive qui vient de finir Yom Kippour pour ouvrir les sites d'informations et découvrir que la prière de Yom Kippour à laquelle je venais de participer, est une ''discrimination'', une ''exclusion'', une tache dans l'espace public, une chose dont le Juif doit avoir honte et qu'il doit cacher de ses frères de Tel Aviv.

Je suis une femme juive qui vient de finir Yom Kippour pour découvrir que les synagogues ne sont pas des lieux de prières mais de lieux de honte. Les synagogues sont destinées à accueillir des Juifs obscurantistes, machistes, des lieux fermés loin du regard public, dans lesquels et uniquement dans lesquels, parce qu'ils sont ''propriété privée'' et non ''espace public'', la mairie de Tel Aviv ''autorise'' les Juifs à pratiquer la discrimination en séparant les hommes et les femmes par une me'hitsa et qu'ils aient honte derrière les murs et surtout qu'ils ne sortent pas à l'extérieur sur la place avec leur pratique scandaleuse qui nous renvoie l'image de la Servante écarlate.

Je suis une femme juive qui prie derrière une me'hitsa et qui sait lire et écrire. Et lorsque je lis le verdict de la juge Hadas Ovadia, je lis et je relis des faits établis sans fondement sur ma me'hitsa comme ''exclusion des femmes qui représente une discrimination interdite'', ''atteinte à l'égalité'' et ''expression de l'exclusion des femmes, comme par exemple la séparation entre les hommes et les femmes dans l'octroi de services bien qu'ils soient tout de même accessibles aux femmes, mais séparément''.

Je suis une femme juive qui fait fonctionner son bon sens et sa capacité analogique et j'ai du mal à comprendre ce qui permet à la municipalité de Tel Aviv d'autoriser les vestiaires séparés, les SPA séparés, les écoles laïques où il y a des classes de filles et des classes de garçons, des compétitions sportives réservées aux femmes, des gynécologues femmes qui ne reçoivent que des femmes.

Je suis une femme juive qui a grandi dans l'Etat d'Israël où chacun pouvait vivre selon ses convictions, et je me sens atteinte dans mon intelligence lorsqu'au milieu des affirmations de ''discrimation'' et ''d'exclusion'', la juge cite aussi ''l'atteinte à la liberté de circulation'', comme si la prière dans la rue avec une me'hitsa constituait un obstacle pour les passants. Comme si, une citoyenne de Tel Aviv ne pouvait pas passer entre les femmes qui prient pour se rendre là où elle veut, et surtout ne lui parlez pas de la possibilité de prendre un autre chemin.

Et lorsque j'essaie de comprendre comment est-il possible que s'agissant d'une prière publique, soudain jaillisse la carte de l'obstacle à la circulation, alors que pour n'importe quel concert du moindre chanteur dans un parc public ou une course cycliste ou une manifestation, on porte atteint à la liberté de circulation de manière tellement plus importante, mon intelligence ne demande qu'une chose des décisionnaires de la mairie de Tel Aviv: ''S'il vous plait, je suis prête à débattre de manière concrète, mais je ne suis pas prête à être menée en bâteau. Posons les choses à plat. Je reconnais que ce n'est pas très agréable de voir des gens religieux prier, quand au sein de la Knesset actuelle se trouve des députés auxquels je ne veux pas être identifiée. De votre côté, reconnaissez que lorsque vous voyez des femmes religieuses, vous ne voyez rien d'autre que des ''servantes du patriarcat'', et ce point de vue est tellement ancré en vous que lorsque vous voyez une me'hitsa vous voyez automatiquement une oppression, et vous ne faites même pas l'effort de trouver une explication convaincante à cela.

 















Boaron blue