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”Pas à n’importe quel prix!” Par David Fisch, père d’Eitan Fisch, tombé au combat à Gaza

6 minutes
21 janvier 2024

ParIsraJ

”Pas à n’importe quel prix!” Par David Fisch, père d’Eitan Fisch, tombé au combat à Gaza
Photo: Famille

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David Fisch a perdu son fils, Eitan,z'l, tombé au combat à Gaza le 4 décembre dernier.

Face aux manifestations et aux appels à ''tout'' donner et ''tout'' accepter en échange de la libération des otages, ce père endeuillé a tenu à écrire ce message qui vient du coeur.

 

''L'appel sourd des otages touche et brise le coeur de chaque Juif. Je ne connais personne qui soit indifférent à la souffrance de ces familles. Ce drame absolu a touché le coeur de chaque Juif où qu'il se trouve, au sud, au nord et dans le monde entier.

Nous devons les ramener à la maison, sains et saufs, et vite. Et le prix sera cher. Nous avons déjà payé une avance douloureuse, moi aussi personnellement.

Notre fils, le capitaine Eitan Fisch, est tombé avec deux autres soldats dans un combat à Shuja'iyya. Quelques heures après sa mort, nous avons trouvé, par hasard, un dessin qu'il avait fait qui montrait un soldat tenant un enfant par la main et l'emmenant vers un tank. Ce dessin est arrivé, je ne sais comment, sur les réseaux sociaux sous le titre ''un soldat libère un otage''. Et en effet, c'est dans cet esprit qu'Eitan est parti au combat, c'est pour cela qu'il a donné sa vie. Des soldats nous ont raconté qu'un jour où il sécurisait un convoi de citoyens gazaouis qui quittaient le nord de la Bande de Gaza pour se diriger vers le sud, Eitan a scruté tous les visages pendant des heures dans l'espoir d'y reconnaitre des otages, dont deux de ses amis font partie''.



 

David Fisch poursuit: ''Je vous en supplie, ne criez pas que vous acceptez ''n'importe quel prix''. N'y a-t-il aucune valeur nationale supérieure à celle de sauver et de ramener les otages ''maintenant''?

Nous avons subi un drame le 7 octobre. Plus de 1000 Juifs ont été assassinés et massacrés, des centaines de Juifs ont été kidnappés, des centaines de soldats et de citoyens venus au secours de leurs frères ont été tués au combat, des centaines de milliers de personnes ont été évacuées de leur maison sous la menace d'incursions de terroristes et de roquettes. L'honneur national a été piétiné.

En essayant de limiter le drame de nos chers otages, prenons garde à ne pas entrainer nous-mêmes la prochaine catastrophe qui sera encore plus terible.

Je tremble uniquement à l'idée d'une réalité où des milliers de terroristes assassins avec une grande expérience et une grande motivation pour tuer, ceux qui ont été arrêtés et jugés à des peines à perpétuité, seraient libres, la tête haute, avec le sourire diabolique de vainqueurs.

Sans aucun doute, la grande majorité va essayer et même réussir à assassiner d'autre gens. Beaucoup plus que le nombre d'otages. Mais ces victimes-là n'ont pas encore de noms, ni de visages et peuvent être chacun et chacune d'entre nous.

Ces mêmes assassins n'auront plus peur d'être arrêtés à nouveau, ils donneront des idées à d'autres assassins potentiels qui ne craindront pas la punition puisque leurs amis kidnapperont des enfants, une jeune femme ou un vieil homme pour obtenir leur libération. Et là, la vie des habitants de ce pays deviendra un enfer par crainte des enlèvements, à chaque voyage ou promenade.

Et nous avons une expérience amère. Par exemple, l'assassin de Barouh Mizrahi, la veille de Pessah en 2014, était l'un des mille terroristes libérés par l'accord Shalit. Un autre est Yahya Sinouar qui a organisé la catastrophe qui s'est abattue sur nous.

Et que faire de l'honneur national? Pas un honneur méprisable de machistes qui fanfaronnent, ou un honneur feint d'une victoire d'un sportif ou d'un chanteur. Cet honneur pour lequel se sont battus les héros des Maccabim contre les Grecs, les résistants du ghetto de Varsovie, les fondateurs de l'Etat, qui ont donné leur vie pour que chaque Juif puisse vivre en Eretz Israël et y faire grandir ses enfants dans le respect et la sécurité.

L'honneur national, les otages et la sécurité ne reviendront que si nous vainquons l'ennemi cruel. La victoire passe par la capitulation de l'ennemi. Pas par des négociations. Un ennemi qui capitule se rend ou est éliminé. Il ne mène pas des négociations. L'Allemagne nazie a capitulé face aux Alliés à la fin de la guerre, elle n'a pas mené de négociations.

Je m'adresse à nos dirigeants, c'est le moment pour vous de faire preuve de courage. Le peuple d'Israël est derrière vous, l'armée est devant vous prête à exécuter les ordres. N'arrêtez pas avant la victoire totale et sans équivoque. Nos soldats font preuve d'un héroïsme extraordinaire face au Hamas, vous devez être solide face au monde, face à des dirigeants hostiles qui font preuve d'une moralité hypocrite et face à ceux qui se définissent comme nos amis, une amitié réelle ou feinte. Il ne faut pas les laisser nous imposer de faire entrer de l'essence et dans la Bande de Gaza et ainsi d'éloigner la victoire militaire, en faisant une différence fallacieuse entre les terroristes et les ''innocents''. Il n'y a presque pas de citoyens ''innocents'' là-bas. Les soldats ont raconté que dans toutes les maisons où ils sont entrés, ils ont trouvé des armes, des bombes, des grenades entre les jouets des enfants, sous les lits de bébés. Dans les livres sur les étagères, on leur apprend à tuer des Juifs et à louer les assassins.

La douleur d'un parent pour son fils otage aux mains de geôliers cruels qui peut-être le torturent, la douleur d'un parent qui est déchiré par le manque et qui ne sait pas si son fils reviendra, s'il le reverra un jour, est énorme. Je ne peux pas vraiment la connaitre, je ne peux que l'imaginer.

Moi, je connais la douleur d'un père dont le coeur est brisé par le manque et qui sait avec certitude qu'il ne reverra jamais son fils. Je ne sais quelle douleur est la plus difficile mais le fossé n'est pas grand.

Que ne donnerais-je pas pour ramener mon fils Eitan à la vie? Je donnerais tout ce que je possède. Je donnerais ma vie contre la sienne.

Mais il y a une chose que je ne serais pas prêt à donner pour ramener mon Eitan adoré à la vie: c'est la vie d'un autre Juif''.

 
Boaron blue