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Place des otages. Par Jean-Pierre Braun

6 minutes
25 janvier 2024

ParIsraJ

Place des otages. Par Jean-Pierre Braun
Photo by Miriam Alster/FLASH90

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Si vous n’êtes pas encore allés Place des Otages à Tel Aviv, il vous faut remédier à ce manque le plus vite possible.

Nous y sommes allés en famille dimanche dernier, trois générations entre 6 et 73 ans ; et pour nous tous, ce fut une expérience touchante, émouvante, jamais éprouvante.

Place des Otages est conçue comme un lieu de rencontre, un endroit d’une sensibilité infinie, mais aussi un endroit où des émotions et des opinions nécessairement fortes sont exprimées sans retenue, et c’est bien ainsi.

Place des otages, c’est le lieu de la rencontre entre ceux qui ont besoin de parler et ceux qui ont besoin d’entendre ; entre ceux qui ont besoin d’expliquer et ceux qui ont besoin de comprendre ; entre ceux qui savent et ceux qui ont encore tant de questions à poser sur les monstruosités du 7 Octobre et leurs conséquences.

Tout est important sur cette Place des Otages. Les sculptures, les collages, les graffitis, les pianos, les reconstitutions (le tunnel grandeur nature avec, comme disait Jean Ferrat : « son bruit et sa fureur », est particulièrement impressionnant). Des centaines de photos d’otages remplissent les murs, les tables, les chaises, le moindre espace libre. Ces photos nous répètent si besoin est, que nous, les visiteurs, sommes là pour eux. Nous ne devons pas l’oublier, nous ne devons jamais les oublier.

De très nombreux mémorabilia sont consacrés à la famille Bibas, Shiri et Yarden, Ariel et Kfir. La détention du petit Kfir qui vient tout juste d’avoir un an est l’exemple ultime de brutalité sans limite, de cruauté extrême, et de cynisme infini. Notre cher Kfir Bibas, le bébé que nous portons tous dans notre cœur est omniprésent dans nos pensées. Il ne doit pas être le seul. Des dizaines de volontaires peuplent cette Place des Otages. Ils sont là pour nous tous, les visiteurs. Ils veulent nous entendre, ils veulent sentir notre compassion, notre chagrin. Mais ils veulent surtout nous parler : décrire la personnalité et la vie de leurs chers otages, nous dire ce qui est important pour eux, et nous dire qu’un jour viendra très bientôt où ils pourront réaliser enfin leurs rêves, ensemble, avec leurs otages retrouvés.

Les volontaires qui peuplent la Place des Otages sont tous des gens remarquables. Ils ont une mission à accomplir, ils ne font pas juste acte de présence. Nous avons passé beaucoup de temps à leur parler, et surtout à les écouter. Sous la tente du Kibboutz Beeri, une volontaire membre de ce Kibboutz nous a expliqué avec une patience infinie, en nous montrant chaque photo, qui étaient les otages pris par le Hamas le 7 Octobre, combien ont été libérés, combien sont morts en captivité et combien ont besoin de notre aide à tous pour les sortir de l’enfer où ils survivent depuis plus de cent jours.

Nous avons aussi parlé avec Rudy, un ancien du Kibboutz Na’hal Oz qui vit aux Etats Unis. Certains de ses amis du Kibboutz sont morts lors du massacre du 7 Octobre, d’autres ont été pris à Gaza par le Hamas. Il venait là pour rencontrer ses camarades du Kibboutz, s’asseoir avec eux un moment sous leur tente, offrir son réconfort et les écouter parler. Notre rencontre avec lui nous a aidé à comprendre la douleur des survivants, leur inquiétude pour le futur, non seulement sur le plan matériel, mais aussi sur le plan moral et psychologique.

Un peu plus loin, une volontaire tenait dans ses mains un panneau mettant en cause la Croix Rouge Internationale et ses manquements. Nous avons parlé longuement avec elle, non seulement de cette organisation, mais aussi des ONG en général : la plupart de ces organisations prétendument humanitaires ont tourné leur dos à Israël dans ces moments de besoin extrême et sont à jamais marquées du sceau de l’infamie.

Nous avons passé de longs moments avec un autre volontaire, nous ne mentionnerons pas son nom, c’est une personne très modeste, très chaleureuse, envahie par le chagrin et en même temps par une volonté irrésistible d’agir. Son frère assistait au festival de musique à Re’im lorsqu’il a été capturé par le Hamas et pris en otage à Gaza. Notre contact est bien plus qu’un bénévole, c’est un activiste. Sa vie au sens où il l’entendait auparavant s’est arrêtée avec la capture de son frère, et pour lui, comme pour sa femme, et des centaines de membres des familles des otages, leur mission unique est d’œuvrer à la libération de leurs êtres chers et à celle de tous les otages. Il fait partie de l’équipe qui dirige les aspects multiples de ces efforts, mettant son énergie et son expérience professionnelle là où cela est nécessaire. Son message est très clair pour tous les Juifs, en Israël et dans le monde : nous pouvons changer cette réalité dramatique, nous devons d’abord y croire, y mettre toute notre énergie et y consacrer le temps nécessaire. Pour lui, la libération des otages doit être, au-dessus de toute autre considération, l’objectif numéro un du gouvernement. Notre rôle à tous est de faire pression sur nos politiciens, sur la presse, sur les organisations internationales et les ONG pour qu’ils prennent tous un rôle bien plus actif vers la libération des otages. Ces otages sont en danger. Il faut les sauver maintenant. Il faut obtenir leur libération immédiate.

Il est clair que derrière la position des familles des otages et leur sens de l’urgence, il y a une tristesse infinie, une inquiétude immense. Je me suis fait ici, très modestement, le relais de leurs paroles et de leurs émotions. Personne ne peut nier que la libération des otages est un objectif primordial et urgent. Là où il peut y avoir des opinions divergentes, c’est sur la façon d’atteindre ce but, et en particulier sur ce qu’Israël peut donner en échange. C’est une situation d’une complexité extrême qui doit prendre en compte la survie du pays et le coût humain d’une telle tractation. Je n’en dirai pas plus, chacun peut en tirer ses propres conclusions.

Si vous n’êtes pas encore allé Place des Otages à Tel Aviv, il vous faut remédier à ce manque le plus vite possible.
La situation des otages est en train de devenir comme une balle que l’on se renvoie sans fin : entre le Hamas terroriste, monstrueux, criminel, et les gouvernements soi-disant amis qui s’en servent cyniquement pour exercer des pressions honteuses sur Israël ; entre des ONG qui prétendent l’inquiétude mais ne font rien et les grandes organisations internationales, ONU et CIJ en tête qui sont ouvertement hostiles à Israël.
Allez rapidement Place des Otages, parlez aux familles, aux volontaires. Faites-le pour eux, faites-le pour vous.
Puisse D. Tout Puissant entendre leurs prières et faire que leurs êtres chers, nos êtres chers, reviennent très vite et en bonne santé.

 

Jean-Pierre Braun a passé sa carrière au cœur de la Hi Tech dans la Silicon Valley (Californie). Jean-Pierre a également été le fondateur et président pendant 20 ans d’une synagogue unique au centre de la Silicon Valley et, à son retour en France, est devenu vice-président du CRIF Rhône Alpes et président de la communauté Rachi à Grenoble. Avec sa femme Annie, ils ont fait leur Aliyah a Jérusalem en 2016.
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