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Iris Haïm au Chef d’Etat-major: ”Le sang de mon fils vaut-il moins que celui de civils étrangers?”

5 minutes
10 avril 2024

ParIsraJ

Iris Haïm au Chef d’Etat-major: ”Le sang de mon fils vaut-il moins que celui de civils étrangers?”
Photo: Famille

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Iris Haïm, la mère de Yotam, z'l, otage du Hamas à Gaza et tué par erreur par des soldats de Tsahal a tenu à adresser ces jours-ci un message au Chef d'Etat-major Herzi Halévy.

Son message fait suite à la décision de ce dernier de limoger deux officiers responsables du tir qui a tué 7 travailleurs humanitaires de l'ONG World Central Kitchen. L'enquête qui a été menée dans la foulée a permis de révéler que le tir sur les véhicules où ces travailleurs circulaient étaient le résultat d'une erreur d'identification. Les soldats ont pensé qu'il s'agissait de pick-ups où se trouvaient des terroristes armés. Suite à ces conclusions, le Chef d'Etat-major a limogé les deux officiers qui ont donné l'ordre de tirer.

Pour Iris Haïm, qui a perdu son fils, dans des circonstances tragiques similaires, le message qui ressort de cette décision est douloureux et dangereux.

Voici ce qu'elle écrit sur son compte FaceBook à l'attention d'Herzi Halévy: ''Je vous écris après avoir entendu votre décision de ces derniers jours de limoger deux officiers de Tsahal en raison d'une erreur qu'ils auraient commise. Avant tout, je tiens à préciser que cette lettre ne vise pas à contester votre décision professionnelle qui, j'en suis sûre, tient compte d'éléments que vous avez étudiés en profondeur. Je vous écris pour vous faire part de ce que je ressens au fond de mon coeur et de la douleur pour Yotam qu'elle engendre chez moi''.

Elle poursuit: ''Le 15 décembre 2023, mon fils Yotam, z'l, avec deux de ses compagnons de captivité, ont été tués accidentellement suite à une erreur de Tsahal, une erreur terrible qui a porté atteinte au moral du peuple d'Israël, de l'armée et en premier lieu, à notre famille. Ma famille, la famille Haïm a tout de suite appelé à juger favorablement les soldats. Nous n'avons pas accusé les soldats, ni leur officier direct ni aucun échelon supérieur de l'armée. Nous avons publié un message d'encouragement pour continuer le combat parce que c'est notre but à tous et que c'est la seule manière de gagner. Nous n'avons pas réclamé de limoger qui que ce soit parce que nous comprenions qu'en temps de guerre, ce genre d'erreur tragique peut arriver, pour notre plus grand malheur. Et c'est toujours ce que nous pensons.

A ce moment-là et jusqu'à aujourd'hui, l'armée n'a pas demandé de limoger les soldats qui ont pris part à cette erreur qui a coûté la vie à Yotam et ses compagnons de captivité et encore une fois, ce n'est pas ce que je demande. Je n'appelle pas à leur limogeage''.

Iris Haïm s'interroge à ce stade sur la différence de traitement lorsqu'il s'agit d'un civil israélien tué par erreur par Tsahal et quand c'est un civil étranger qui est la victime et rappelle que son fils possédait aussi la citoyenneté polonaise: ''Et voilà que des civils étrangers sont tués, par erreur, par les forces de Tsahal. Le monde crie au scandale, parmi ceux qui protestent se trouve le Premier ministre polonais. Yotam, mon fils, était aussi citoyen polonais. Je constate qu'un citoyen polonais qui s'appelle Yotam Haïm n'intéresse pas vraiment le Premier ministre de la Pologne. Nous n'avons pas entendu qu'il partageait notre peine, un citoyen polonais enlevé par le Hamas et tué. Il ne s'est certainement pas adressé à vous pour regretter sa mort, n'est-ce pas? Est-ce que le sang de mon fils est moins important que celui de civils d'un Etat étranger? C'est en tout cas ce que je comprends de votre décision''.

Iris Haïm fait part au Chef d'Etat-major de son incompréhension: ''Nous sommes une famille d'un civil pris en otage et nous soutenons nos soldats, nous soutenons notre armée et ses officiers même si notre douleur est immense, parce que nous portons une responsabilité, parce que nous croyons que les soldats font tout pour nous protéger et que des drames peuvent se produire pendant la guerre. Et vous? Est-ce que vous soutenez vos officiers, est-ce que vous soutenez vos soldats?''.

Et d'ajouter: ''Pour moi, c'est ainsi que je perçois ce message: avant de tirer, réfléchissez bien, parce que vous allez peut-être toucher un civil étranger. Nos civils peuvent être tués, nos soldats aussi. Comment peut-on continuer à vivre avec un tel message? Comment pensez-vous que je me sens? Moi et toute ma famille? Est-ce que vous voulez que l'on continue à croire que notre armée prend des décisions mues par l'intérêt du pays et des otages et non par les intérêts des Etats antisémites qui nous entourent?''.

Iris Haïm conclut: ''Je terminerai pas une demande: changez votre message au peuple d'Israël et au monde qui dit que les civils et les citoyens israéliens valent moins. Pour acter ce changement: réintégrez les officiers, renforcez l'armée, renforcez notre respect envers notre armée et le respect du monde envers notre puissance. Ne nous affaiblissez pas. En temps de guerre, des erreurs se produisent, le prix que nous payons est déjà insupportable, celui-ci est inutile''.


 





 
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