Quelle lecture faites vous de l'attaque iranienne sans précédent sur Israël et plus particulièrement sur les appels à la modération qui sont de mise de la part de la plupart des acteurs internationaux?

Daniel Saada: Il est impossible de ne pas évoquer le miracle de samedi soir, je ne crois pas qu'il y ait un autre terme pour évoquer ce qu'il s'est passé.
Tout a déjà été dit mais il est bon de rappeler quand même l'étendue de l'exploit qui a été magnifiquement réalisé par nos pilotes, nos responsables de la défense aérienne et tous ceux qui ont été impliqués dans cette opération pour parvenir à intercepter 100% des 170 drones lancés sur Irsaël, 100% de la trentaine de missiles de croisière et 99% de plus de 120 missiles balistiques et ce, pour l'essentiel avant que ces engins de mort n'atteignent et ne pénètrent dans l'espace aérien d'Israël.
Il faut aussi bien sûr mentionner l'intervention active de nos alliés américains, britanniques, français mais aussi régionaux, jordaniens dont on sait qu'ils ont pris une part active pour abattre des missiles et des drones ainsi que d'autres pays de la région qui se sont impliqués activement ou passivement pour contribuer à défendre Israël.
Une situation sans précédent au Proche et Moyen-Orient – c'est véritablement l'histoire qui s'écrit sous nos yeux:
Israël une fois encore agressé de manière lâche et criminelle défendue par ses alliés internationaux et régionaux.

Que faut-il penser de l'appel général à la modération pour empêcher Israël de riposter?
Daniel Saada: Il ne peut pas ne pas y avoir de réponse à l'attaque iranienne. Ce serait une grave erreur, car ce n'est pas une riposte dont il s'agit. Il s'agit bel et bien d'une étape de plus dans une guerre que l'Iran nous livre depuis la révolution islamique de 1979.
L'Iran a déclaré la guerre à Israël dont il nie le droit à exister.
Depuis plus de 45 ans, l'Iran agit activement dans le soutien l'armement et la formation des organisations terroristes islamiques installées autour d'Israël pour qu'elles attaquent Israël sans cesse.

L'Iran a organisé et orchestré des dizaines d'attentats terroristes à travers le monde contre des intérêt israéliens et juifs – devons-nous rappeler les attentats de Buenos Aires ?
L'Iran actionne tous ses leviers criminels comme le Hezbollah au Liban, le Hamas à Gaza, les Houtis au Yémen ou encore les milices Chia en Irak contre Israël.
L'Iran a donné l'ordre et l'autorisation au Hamas de lancer les attaques ignobles du 7 octobre.
L'Iran a délibérément attaqué Israël depuis son territoire avec cette agression sans précédent qui auraient pu entraîner un véritable désastre en Israël.
De quelle modération devons-nous faire preuve ?
De quelle désescalade parle-t-on ?
Nous avons atteint un sommet dans la haine et l'agression criminelle : quel dialogue peut-on mener avec un régime qui assassine ses propres citoyens et citoyennes jugés infidèles aux principes islamiques ?
Combien de miracles devons-nous encore espérer, combien de prouesses technologiques et humaines devons-nous encore déployer pour éviter le pire ? Pour nous défendre ?
Nous sommes aujourd'hui confrontés à l'extrémisme islamique démoniaque de l'Iran exactement comme le monde était confronté à la fin des années 30 au nazisme.
A Münich aussi, on a demandé la désescalade, la modération l'appel au calme et au dialogue.
Nous connaissons la suite.
Voilà pourquoi il est clair que la menace iranienne doit être écartée. Efficacement et durablement. C'est le gage de la stabilité régionale, de la sécurité et de la paix du monde.
C'est ce que nos alliés doivent comprendre et accepter comme ils ont accepté de participer activement à nous défendre.
Un premier pas a été franchi, inimaginable il y a encore quelques jours.
Nous allons continuer ensemble d'agir pour nous défendre car c'est la survie d'Israël qui est en jeu, mais avec elle la paix et la sécurité du monde entier.

Bonne fête de Pessah à toutes et à tous.

Daniel Saada, ancien ambassadeur d'Israël en France