Après les grandes universités américaines, la fièvre anti-israélienne s'étend désormais en France. Sciences-Po puis la Sorbonne s'enflamment, comment expliquez-vous ces phénomènes ?
Vous avez utilisez le terme juste : la fièvre anti-israélienne. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. On pourrait croire, on voudrait nous faire croire qu'il s'agit d'une mobilisation légitime de la jeunesse occidentale face à la détresse d'un peuple, en l'occurrence le peuple palestinien et plus particulièrement la population civile de Gaza.
Mais il n'en est rien, il ne s'agit ni d'une mobilisation légitime et spontanée, ni d'une marque de solidarité avec le peuple palestinien.
Nous savons aujourd'hui que tout est orchestré, organisé et financé par les relais de l'islamisme politique en Occident, dans lesquels des fonds qataris et iraniens sont investis. Quelqu'un a-t-il tenté de comprendre qui finance ces milliers de drapeaux palestiniens qui font subitement surface sur les campus, les tracts, les pins, les banderoles et tout le reste du matériel utilisé, le catering qui est distribué gratuitement aux manifestants qui font le siège de ces établissements pendant des jours et des nuits ?
S'est-on posé la question de l'origine de toute cette logistique impressionnante et hautement professionnelle qui est déployée sur ces campus pour mettre en place cette véritable stratégie de déstabilisation des esprits ?
Croyez-vous que ce soit un hasard que le Guide suprême de la révolution iranienne, l'ayatollah Khamenei apporte son soutien aux manifestants anti-israéliens sur les campus universitaires. Lisons son message posté il y a quelques jours sur son compte officiel X :
"Voyez ce qui se passe dans le monde. Même dans les pays occidentaux –Angleterre, France, différents États américains, etc., les gens marchent en grand nombre dans les rues, scandant des slogans contre Israël et les États-Unis ; ils sont déshonorés et n’ont aucun remède à cela."
Voila les choses sont dites : le grand Satan, les USA et le petit Satan, Israël sont désormais sous le feu de l'agitation estudiantine, prélude, selon le président iranien, de leur prochaine disparition.
Vous aurez constaté évidemment qu'il n'y a pas un mot pour les Palestiniens, ce n'est juste que le prétexte à cette vaste entreprise de déstabilisation.

Pourquoi le conflit de Gaza est il le seul aujourd'hui à mobiliser les foules sur ces campus? A-t-on vu pareille mobilisation lors de l'agression russe contre l'Ukraine, lors des bombardements saoudiens sur les populations civiles du Yémen, lors du massacre de 300.000 civils par le régime de Bachar El Assad en Syrie y compris au moyen d'armes chimiques ?
Puisqu'il s'agit de victimes musulmanes qui semblent avoir les faveurs de ces militants, se sont-ils mobilisés pour les Ouïghours en Chine qui subissent une répression d'une cruauté et d'une ampleur d'un autre âge ? Un tout récent rapport déposé au parlement européen fait état des milliers de stérilisation forcée des femmes Ouïghours, outre les centaines de milliers de citoyens ouïghours qui ont été internés dans des camps ou condamnés à des années de prison, des milliers d'entre eux ont péri dans des conditions inhumaines de travail forcé et de maltraitance.

Mais puisque seuls les Palestiniens provoquent leur émotion, alors où étaient-ils lorsque des milliers de palestiniens sont morts affamés et massacrés lors du siège du Camp de réfugiés de Yarmouk au sud de Damas par les forces syriennes ?
Non la Palestine ne les intéresse pas. Tout comme Mathilde Panot pas un seul d'entre eux ne sait situer le Jourdain sur une carte mais ils scandent à tue-tête "depuis le fleuve jusqu'à la Mer"….from the River to the Sea, car en fait, eux aussi ne sont animés que par une seule chose: la haine des Juifs et d'Israël.

 

Daniel Saada

Ancien ambassadeur d'Israël en France