L’agence internationale de notation financière Moody’s a annoncé cette nuit (lundi à mardi) qu’elle maintenait la note de crédit d’Israël à Baa1, tout en conservant une perspective négative, dans un contexte géopolitique tendu. Cette décision intervient dans la foulée du conflit de douze jours avec l’Iran, déclenché le 13 juin, et de la trêve qui a suivi, alors que la guerre contre le Hamas se poursuit.
Selon le rapport de Moody’s, l’économie israélienne a démontré une résilience remarquable malgré les tensions sécuritaires. Après un net redressement à la fin de 2024, la croissance s’est poursuivie début 2025, portée par une forte consommation intérieure et des investissements soutenus, en particulier dans le secteur de la haute technologie. « L’économie israélienne bénéficie de revenus élevés et d’un secteur technologique particulièrement dynamique », souligne Moody’s.
Le flux de capitaux et l’activité dans le domaine du high-tech, notamment dans la cybersécurité et l’intelligence artificielle, ont continué à croître en 2023 et 2024. Cette tendance s’est confirmée au premier trimestre 2025, avec 2,2 milliards de dollars investis dans ce secteur, soit 0,4 % du PIB, un niveau supérieur à la moyenne de 1,7 milliard en 2023 et proche du pic de 2,4 milliards en 2024.
Malgré ces signaux positifs, Moody’s met en garde contre plusieurs défis majeurs. Le premier concerne l’endettement national, en hausse constante. L’agence prévoit que le ratio dette/PIB atteindra environ 75 % à moyen terme, un chiffre supérieur aux prévisions précédentes.
Autre point d’inquiétude : l’augmentation du déficit budgétaire, provoquée par la hausse des dépenses militaires liées au conflit avec l’Iran. Le déficit public pourrait atteindre 8 % du PIB en 2025. À cela s’ajoute un climat économique tendu, marqué par une baisse de la confiance des consommateurs, une faiblesse du secteur touristique, et une pénurie persistante de main-d’œuvre, qui freinent la croissance. Résultat : le taux de croissance prévu pour 2025 est limité à 2 %.
Moody’s reste néanmoins optimiste à moyen terme : elle anticipe une reprise économique significative en 2026, avec une croissance estimée à 4,5 %, alimentée par la reconstruction, une hausse des dépenses publiques, et un rebond de la consommation.
La perspective négative attribuée à Israël reflète les risques géopolitiques persistants, malgré les trêves actuelles avec l’Iran et le Hezbollah.
« La cessation des hostilités avec l’Iran demeure précaire », note Moody’s. « Un conflit direct prolongé aggraverait les déséquilibres budgétaires par une augmentation des dépenses et une baisse des recettes, conduisant à des déficits plus profonds et à une dette plus lourde. »
L’agence souligne néanmoins le rôle déterminant du soutien militaire américain, qui s’est intensifié durant le conflit. Washington a démontré une volonté claire de maintenir un appui stratégique et politique fort à Israël dans un avenir prévisible.
Le maintien de la note Baa1 permet à Israël de continuer à emprunter sur les marchés financiers internationaux, bien que les taux d’intérêt soient plus élevés que ceux des pays mieux notés.
En somme, Israël garde pour l’instant la confiance de Moody’s, mais l’agence appelle à la prudence face à l’instabilité régionale persistante et à la fragilité budgétaire croissante.