Derrière chaque rapport sur une frappe aérienne, à Gaza, en Syrie, au Liban ou plus loin au Moyen-Orient, se cache un processus minutieux. Une unité spécialisée du renseignement de l’armée de l’air est chargée de transformer une image satellite ou une photographie aérienne en objectif militaire exploitable.
Le travail commence par l’agrégation de données : imagerie satellite, survols de drones, interceptions de signaux et renseignement ouvert. Sur cette base, les analystes bâtissent une première « carte » du site. Leurs questions sont simples mais cruciales : s’agit-il bien du bâtiment visé, quel type de munition peut l’atteindre, et quelles seraient les conséquences opérationnelles et civiles d’une frappe ?
Vient ensuite la phase de modélisation. Grâce à la photogrammétrie et à la stéréoscopie, les équipes recréent en 3D le site ciblé, en mesurant hauteurs, volumes et angles avec une précision métrique. Cette simulation permet de choisir la trajectoire et le type d’armement, jusqu’à simuler l’image que verra le missile au moment de l’impact. « Si l’on nous demande de frapper uniquement la fenêtre est du cinquième étage, nous savons comment y parvenir sans toucher le reste de l’immeuble », explique une commandante.
Ces capacités ne se limitent pas aux bâtiments. L’unité a développé des méthodes spécifiques pour cartographier et cibler les infrastructures souterraines du Hamas, invisibles aux caméras classiques. Le savoir-faire combine expertise visuelle et ingénierie afin de localiser tunnels, puits et chambres enfouies.
Parallèlement, une autre branche de l’unité suit de près les défenses aériennes ennemies, en Iran comme au Liban. Toute modification détectée – déplacement de batterie, installation d’un nouveau système – peut modifier les trajectoires de vol de Tsahal. Dans certains cas, lorsqu’une menace doit être éliminée immédiatement, les analystes transmettent en urgence leurs données aux planificateurs de cibles, permettant une frappe quasi instantanée.
Chaque opération aérienne, hors appui rapproché immédiat, passe donc par cette chaîne invisible. Certaines frappes sont préparées des mois à l’avance, d’autres en quelques heures. Mais toutes reposent sur le travail de ces spécialistes, qui font le lien entre l’image brute et la décision opérationnelle.