Israël

Une survivante de la Shoah retrouvée enterrée dans son jardin un an et demi après sa mort

Sa propre fille et son compagnon avaient décidé de cacher son décès aux autorités.

4 minutes
20 octobre 2025

ParGuitel Benishay

Une survivante de la Shoah retrouvée enterrée dans son jardin un an et demi après sa mort
Photo: Police

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Un fait divers qui ressemble à un véritable film d'horreur. Un an et demi après sa mort, le corps de Maïna Tolstikov, 93 ans, survivante de la Shoah a été découvert enterré dans son jardin.

L'enquête a révélé que sa propre fille et son compagnon ont pris cette décision afin de cacher le décès aux autorités et de continuer à toucher les dédommagements que la défunte recevait de l'Allemagne en sa qualité de rescapée de la Shoah. Une indemnité qui avoisinait les 18000 shekels par mois.

L'histoire a commencé au mois de septembre dernier lorsque la deuxième de la défunte qui n'était plus en contact avec sa mère depuis longtemps a voulu prendre de ses nouvelles. Elle a raconté avoir été confrontée à des informations contradictoires de la part de proches sur l'état de santé de sa mère, très âgée et résidant à Karmiel, et a sollicité l'aide des policiers pour obtenir des informations sur ce qui lui était arrivé. "Elle a compris que la mère était déclarée vivante auprès des institutions de l'État", a expliqué le commissaire principal Alon Reuveni, commandant de l'unité spéciale de lutte contre la criminalité du district de Galilée, qui a été chargé de l'enquête.

Une équipe de policiers a été envoyée au domicile de la dame et n'a obtenu aucune réponse. Ils ont repéré à proximité la fille de la défunte et son compagnon et ont donc pu entrer dans la maison. Lorsqu'ils sont entrés dans l'appartement, leurs craintes se sont amplifiées: "La maison était pleine de toiles d'araignée et les fenêtres étaient fermées et scellées avec du ruban adhésif. Une atmosphère très étrange", décrit la police.

La fille et son compagnon ont alors été interrogés par la police séparément et ont livré des versions contradictoires des faits. Ils ont reconnu que la mère était décédée et ont prétendu chacun qu'elle était enterrée dans un lieu différent.

Les soupçons grandissant, la police a lancé des recherches dans le jardin de la défunte, comprenant qu'elle pouvait y avoir été enterrée clandestinement. Des recherches qui n'ont rien donné.

Le tournant dans l'enquête a eu lieu il y a trois semaines. Le compagnon de la fille s'est suicidé dans sa cellule après avoir avoué qu'il avait enterré la défunte dans le jardin de la maison.

La police a poursuivi ses recherches en faisant appel à un artisan qui avait effectué des travaux dans la maison et qui se souvenait qu'un trou profond existait dans le jardin. Les grands moyens ont été mis en oeuvre: une grue et un tractopelle ont été amenés sur place. Finalement, les policiers sont arrivés jusqu'au corps de la défunte, qui était donc là depuis un an et demi.

Les policiers sur le terrain ont organisé une cérémonie symbolique pour la défunte et ont récité le kaddich.

Avec cette découverte glaçante, d'autres détails choquants ont été révélés. "Il s'est avéré que pendant deux jours après son décès et jusqu'à la décision de l'enterrer, sa fille et son compagnon avaient entreposé son corps dans un vieux congélateur dans la cour de la maison". Le mobile de cet acte criminel était, selon les soupçons, l'appât du gain. "Tout cet événement se résume à la volonté de frauder l'État. La défunte, survivante de la Shoah, recevait des dizaines de milliers de shekels de l'État et des réparations d'Allemagne, une somme qui atteignait environ 18 000 shekels chaque mois. Ils n'ont simplement pas signalé son décès, et pendant un an et demi, ils ont continué à recevoir les fonds sur le compte joint", a expliqué le commissaire de police.

Les policiers qui ont participé à l'enquête et aux recherches seront présents lors de l'enterrement de la dame. ''Au cours de mes 26 années de service dans la police israélienne, j'ai été confronté à des événements difficiles, mais cet événement est l'un des plus durs, où l'on enterre une survivante de la Shoah de 93 ans dans la cour de sa maison, et encore par les membres de sa propre famille", a déclaré le commissaire Reuveni.

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