Le Hamas participe secrètement, avec l'aval des médiateurs arabes, à la formation du gouvernement technocrate destiné à administrer la Bande de Gaza, selon des informations révélées ce mardi matin par la chaîne israélienne Kan.
Le mouvement terroriste aurait désigné près de la moitié des membres de ce gouvernement, en choisissant des personnalités favorables au Hamas et à ses principes, même si leur affiliation n'est pas affichée publiquement. L'Autorité palestinienne a sélectionné l'autre moitié de la composition gouvernementale, en pleine connaissance de cause et avec un accord tacite sur le rôle joué par le Hamas dans ce processus.
Selon les informations obtenues par Kan, les médiateurs, et notamment l'Égypte, ont présenté au Hamas la liste complète de la composition proposée afin de s'assurer de l'approbation de l'organisation. Cette manœuvre permettrait en pratique au Hamas de conserver une certaine emprise sur la Bande de Gaza même après la fin de la guerre, par la porte dérobée.
Hier soir, il a été révélé dans le journal télévisé de Kan qu'Israël exige des États-Unis de ne pas entamer la reconstruction de la Bande de Gaza avant des actions sur le terrain démontrant la volonté du Hamas de se désarmer. Parmi les mesures actuellement discutées avec l'administration américaine figure la question de la neutralisation des tunnels dans la bande.
Israël souhaite sceller l'ensemble des tunnels de Gaza sous supervision israélienne, y compris au-delà des zones actuellement sous contrôle israélien. L'administration américaine propose de débuter par un projet pilote à Rafah, une option qu'Israël a acceptée.
Le ministre Zeev Elkin a réagi à ces révélations : "Israël ne peut pas accepter que des membres du Hamas gouvernent Gaza. Quiconque a vu ce qui se passe à Gaza sait que pratiquement tous les habitants de la Bande de Gaza soutiennent le Hamas, c'est la réalité. À mon avis, il est inadmissible que des membres officiels du Hamas participent à ce gouvernement. Mais les Gazaouis qui y siégeront seront-ils pacifistes ? De tels individus n'existent pas, et je pense que le Hamas élimine ceux qui le sont. C'est pourquoi la question du démantèlement du Hamas est si délicate."
Une délégation sécuritaire israélienne est rentrée hier soir du Caire après avoir participé à trois heures de discussions avec des représentants de l'Égypte, du Qatar et de la Turquie. Selon des sources au fait des négociations, les parties ont notamment évoqué la reconstruction de la Bande de Gaza au lendemain du conflit, ainsi que la possibilité qu'une force étrangère soit déployée ultérieurement à Gaza.
Parmi les pays candidats figurent ceux ayant déjà accepté de participer à cette initiative : l'Égypte, l'Azerbaïdjan, la Turquie et l'Indonésie, ainsi que d'autres nations n'ayant pas encore fait connaître leur décision. L'Indonésie, l'Azerbaïdjan et le Pakistan sont les candidats les plus en vue pour l'envoi de troupes dans le cadre de la force prévue à Gaza, selon un rapport publié par le site d'information Politico, citant un responsable officiel du département américain de la Défense et un ancien responsable sécuritaire américain.
Selon le plan en 20 points du Président américain Donald Trump, la Turquie figure parmi les pays censés participer à la "force de stabilisation internationale" destinée à sécuriser la Bande de Gaza, former des forces locales et contribuer à la reconstruction des infrastructures.
D'après des sources politiques, Netanyahou a clairement signifié à ses partenaires américains qu'une présence turque dans ce contexte à Gaza constitue une "ligne rouge". Cette opposition concerne également l'implication du Qatar, connu pour entretenir des liens étroits avec la direction du Hamas. Selon Netanyahou et ses conseillers, ces deux pays, la Turquie et le Qatar, "jouent un double jeu" : ils affichent publiquement leur volonté d'apporter une aide humanitaire et d'assurer la stabilité, mais soutiennent en réalité des acteurs islamistes radicaux et déstabilisent l'ordre régional.
Netanyahou a mis en garde hier, dans un discours prononcé lors de l'ouverture de la session d'hiver de la Knesset, contre de "nouvelles menaces dans la région" – une allusion claire aux tentatives d'Ankara et de Doha d'étendre leur influence tant dans la Bande de Gaza.
Le débat ne porte pas uniquement sur la question technique de savoir qui participera à la force internationale, mais aussi sur la vision du monde qui la sous-tend. Trump considère Erdogan comme un partenaire stratégique dans la lutte contre l'Iran et comme un contrepoids face à la Russie, lui attribuant un rôle économique central dans la reconstruction de Gaza. En Israël, en revanche, on perçoit la Turquie d'Erdogan comme "le Hamas en costume diplomatique", un État qui légitime le terrorisme, accueille la direction du Hamas et la soutient même financièrement.
Les Américains tentent pour leur part de rassurer en précisant qu'il s'agirait d'une présence purement civile, consacrée à la reconstruction des infrastructures, à l'aide humanitaire et aux projets économiques – mais Jérusalem demeure sceptique. Netanyahou se montrerait également réticent à l'idée que des entreprises turques soient impliquées dans les grands projets de reconstruction de Gaza, un domaine dans lequel Erdogan cherche à établir une présence économique considérable.
Des discussions politiques discrètes se poursuivent entre Israël et les États-Unis sur ce dossier, dans une tentative de parvenir à un accord sans compromettre la coopération avec Washington.