Moyen-Orient

Un an du cessez-le-feu au Liban: dans quel état se trouve le Hezbollah?

Le 27 novembre 2024 entrait en vigueur le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah et le Liban s'engageait à démilitariser l'organisation terroriste. Qu'en est-il un an après?

4 minutes
27 novembre 2025

ParGuitel Benishay

Un an du cessez-le-feu au Liban: dans quel état se trouve le Hezbollah?
Photo by Ayal Margolin/Flash90

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Le Centre Alma pour la recherche sur le front nord publie de nouvelles données sur l'année écoulée depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu au Liban le 27 novembre 2024. Les chiffres révèlent une activité militaire soutenue malgré l'accord de trêve.

Israël a mené 669 frappes au Liban depuis le cessez-le-feu, soit une moyenne de 51 frappes par mois et près de deux par jour. Plus de 50 % de ces frappes ont été effectuées au nord du fleuve Litani – dans le sud du Liban situé au-delà du Litani, dans la Bekaa et à Beyrouth. Les 47 % restants ont été réalisés au sud du Litani.

Le fait que la majorité des frappes aient ciblé la zone nord du Litani témoigne, selon le Centre Alma, de la tendance du Hezbollah au cours de cette année à transférer la plupart de ses centres névralgiques, installations militaires et arsenaux vers des zones situées au nord du Litani, dans le but de se reconstituer et de se renforcer à nouveau.

Sarit Zehavi qui a créé le Centre Alma, habite en Haute Galilée, elle est lieutenant-colonel de réserve et a servi pendant de longues années dans les renseignements militaires. "Nous observons une adaptation du Hezbollah et un déplacement du centre de gravité vers le nord", note-t-elle, "mais on ne peut toujours pas dire qu'il n'y a pas d'activité militaire également au sud du Litani. Si vous analysez les frappes de Tsahal au Liban, près de la moitié sont au sud du Litani."

Tsahal a éliminé 218 membres du Hezbollah durant cette année. Environ la moitié des éliminations (49 %) ont eu lieu au sud du Litani, et l'autre moitié au nord, dans la Bekaa et à Beyrouth. Le Centre Alma précise que ce chiffre de 218 se base sur les terroristes dont les noms et photos ont pu être identifiés dans les sources ouvertes, et que Tsahal affirme avoir éliminé un nombre plus élevé – environ 350 terroristes.

Parmi les éliminés, 46 (soit un cinquième du total) appartenaient à l'unité d'élite Radwan.

Pourtant, selon les termes de l'accord signé il y a un an, c'est l'Etat libanais qui devait se charger de contrer les tentatives de restauration du Hezbollah et de le désarmer. "En apparence, l'armée libanaise présente régulièrement des rapports sur les progrès de cette opération et affirme atteindre ses objectifs, mais il est clair que ce n'est pas vraiment le cas", déclare Zehavi. "En me basant sur des informations ouvertes, je n'ai aucune preuve d'un désarmement massif du Hezbollah. En pratique, c'est Tsahal qui désarme le Hezbollah, bien plus que le gouvernement libanais."

Outre les membres du Hezbollah, Tsahal a également éliminé 28 hommes d'autres organisations terroristes : 18 du Hamas, et le reste provenant d'Amal, de la Jamaa Islamiya et d'autres groupes.

Pour Zehavi, l'accord de cessez-le-feu signé sous médiation américaine n'est pas nécessairement rassurant: "L'un des points de l'accord concernait le désarmement du Hezbollah au sud du fleuve Litani, sur la base de la résolution 1701 de l'ONU", dit-elle. "Le problème, c'est que la résolution de l'ONU ne contient pas le mot 'application', et il n'est pas clair qui est censé faire respecter le désarmement. Le nouvel accord a certes intégré les États-Unis et la France dans le mécanisme de surveillance, mais le chemin vers le nettoyage du sud du Litani des armes du Hezbollah est encore long."

Des élections sont prévues au Liban en mai, et une grande incertitude plane sur la capacité du Hezbollah à préserver son pouvoir politique. "Il est vrai que le Hezbollah privilégie la reconstitution militaire à la reconstruction civile", observe Zehavi, "mais ses écoles et hôpitaux existent toujours, il organise des événements avec une participation massive, et son infrastructure civile demeure. Malgré toutes les difficultés, le Hezbollah n'a pas disparu de la vie quotidienne de sa base politique, et tant que c'est le cas, il préserve son pouvoir politique."

"La principale leçon du 7 octobre est que des soldats doivent se trouver entre les citoyens israéliens et l'ennemi", affirme Zehavi. "De même, la décision de contrecarrer toute contrebande et de ne pas cesser le feu face aux violations du Hezbollah. Jusqu'au 7 octobre, ce n'était pas la politique. En tant qu'habitante du nord et mère de cinq enfants, je dis que lorsque nous cesserons d'entendre les détonations des frappes de Tsahal au Liban, nous commencerons à nous inquiéter. Certes, ce n'est pas une situation confortable pour élever des enfants, mais je choisis l'option la moins mauvaise : continuer à tondre la pelouse au Liban avant qu'elle ne redevienne monstrueuse."

Selon des sources politiques informées citées par le journaliste Ariel Kahana (Israel Hayom), l'administration Trump a fixé au gouvernement libanais le 31 décembre 2025 comme date limite pour désarmer le Hezbollah. Si Beyrouth n'agit pas, la responsabilité de la violation de l'accord lui sera imputée.

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