De nouveaux détails sur les circonstances de la mort du chef de la milice des Forces populaires, figure clé de l'opposition au Hamas dans le sud de Gaza, ont été relayées par des sources locales ainsi que des sources sécuritaires israéliennes.
La disparition de Yasser Abou Shabab constitue un coup dur pour l'armée israélienne et les services de sécurité. Ce Bédouin palestinien de 32 ans, issu de la tribu Tarabin et originaire de Rafah, dirigeait l'un des principaux clans opposés au Hamas dans la bande de Gaza. Tsahal doit désormais trouver un moyen de réunir et de remobiliser son clan contre l'organisation terroriste.
Selon des sources sécuritaires, Abou Shabab a été grièvement blessé lors d'une rixe générale qui a éclaté entre plusieurs factions du clan. Les dissensions portaient sur la gouvernance, le leadership et le partage des zones géographiques au sein du territoire où opérait la milice dans le sud de Gaza. Des sources évoquent également des tensions liées à la coopération avec Israël.
Les autorités israéliennes confirment que l'armée a évacué Abou Shabab vers l'hôpital Soroka de Beer-Sheva, mais son décès a été constaté dès son arrivée aux urgences. Selon les informations disponibles, il aurait succombé à un traumatisme contondant plutôt qu'à une blessure par arme blanche ou par balle.
Une ascension fulgurante depuis octobre 2023
L'itinéraire d'Abou Shabab est singulier. Emprisonné par le Hamas jusqu'en octobre 2023 pour vol et trafic de drogue, il a été libéré lors d'une attaque israélienne contre des installations de sécurité dans la bande de Gaza au début du conflit. Son nom s'est rapidement imposé comme une figure incontournable pour combler le vide sécuritaire dans l'est de Rafah.
Tout au long du conflit, ses activités contre le Hamas ont été largement rapportées : affrontements armés dans toute la bande de Gaza, pillage de camions d'aide humanitaire destinés à briser le monopole du Hamas sur les biens de consommation. En juin 2025, des sources israéliennes ont confirmé que le Premier ministre Benyamin Netanyahou avait ordonné à l'Administration civile de Gaza de distribuer des armes aux clans du sud, y compris celui d'Abou Shabab.
À la même période, le chef de milice avait diffusé une vidéo appelant les habitants de Rafah-Est à « rentrer chez eux en toute sécurité sous notre protection », montrant ses militants installant des tentes et distribuant de la farine dans des zones contrôlées par Israël.
En novembre 2025, des représentants du clan Abou Shabab se seraient rendus au quartier général du commandement américain à Kiryat Gat pour y rencontrer Jared Kushner, envoyé spécial du président Donald Trump et son gendre. Selon des médias saoudiens, Kushner aurait discuté avec Yasser Abou Shabab du rôle de ses forces dans les zones de Gaza d'où le Hamas s'était retiré, ainsi que de la sécurisation de la sortie des terroristes assiégés à Rafah vers les zones contrôlées par l'organisation.
Son adjoint et bras droit, Rasan al-Dahini, devrait automatiquement lui succéder à la tête de la milice. Toutefois, les services de sécurité israéliens estiment que la mort d'Abou Shabab renforcera paradoxalement la souveraineté du Hamas sur Gaza, privant Israël d'un acteur clé dans sa stratégie de contournement de l'organisation terroriste.
Des partisans du Hamas n'ont d'ailleurs pas tardé à célébrer publiquement l'élimination de leur rival en distribuant des friandises, témoignant de l'impact symbolique et stratégique de sa disparition.