Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdel Aaty, a fait part à l’envoyé spécial de l’Union européenne pour le processus de paix, Christophe Bischoff, du refus catégorique de l’Égypte de toute idée d’expulsion de Palestiniens ou de changement du statut géographique et démographique de la bande de Gaza. Lors du Forum de Doha, la semaine dernière, il avait déjà averti qu’« une division de la bande de Gaza est inacceptable ».
Le Premier ministre qatari, cheikh Mohammed ben Abdel Rahman Al Thani, a lui aussi parlé d’un « moment décisif », estimant qu’on ne peut pas parler de véritable cessez-le-feu tant qu’il n’y a pas retrait israélien complet et retour à une stabilité durable dans l’enclave.
Selon le journal saoudien, des mouvements de troupes israéliennes laissent penser que Tsahal cherche à établir une nouvelle zone tampon à l’intérieur même de Gaza : une bande d’environ 3 kilomètres de profondeur à l’ouest de la “ligne jaune”, qui sépare actuellement les zones contrôlées par l’armée israélienne à l’est de celles où opère encore le Hamas à l’ouest.
Des sources issues des factions palestiniennes à Gaza affirment qu’Israël « se bat contre le temps » avant l’entrée en vigueur de la deuxième phase de l’accord, en faisant exploser des maisons et en rasant des secteurs entiers pour dégager l’espace de cette future zone tampon.
Le chef d’état-major, le général Eyal Zamir, a renforcé les inquiétudes arabes en déclarant lors d’une visite à Gaza que « la ligne jaune est une nouvelle ligne de frontière - une ligne de défense avancée pour les localités israéliennes et une ligne d’attaque ». Il a affirmé qu’Israël « ne permettra pas au Hamas de se réimplanter », que l’armée contrôle « de larges portions » de la bande et qu’elle dispose d’une grande liberté d’action dans l’ensemble des secteurs.
Côté Hamas, Houssam Badran, membre du bureau politique du mouvement, rejette ces propos qu’il présente comme la preuve du désengagement d’Israël vis-à-vis des clauses de l’accord. Selon lui, toute discussion sur la phase 2 dépend d’abord d’une pression claire des médiateurs et des États-Unis pour imposer le respect intégral de la première phase.
L’analyste arabe des affaires israéliennes du quotidien, le Dr Saïd Okasha, estime qu’Israël exploite les zones grises du plan Trump pour imposer une nouvelle réalité sur le terrain, sans rompre officiellement l’accord de cessez-le-feu. À ses yeux, le plan Trump pour Gaza est désormais “en grand danger” en raison des manœuvres militaires et territoriales d’Israël.
D’après des sources américaines citées précédemment, Donald Trump doit annoncer prochainement le passage à la deuxième phase du processus de paix : retrait israélien supplémentaire d’environ 53 % du territoire de Gaza, déploiement d’une force internationale de stabilisation et mise en place d’un nouveau cadre de gouvernance incluant un « Conseil de paix » placé sous l’égide de Trump.
Pour Le Caire et Doha, si Israël poursuit la création d’une zone tampon de facto à l’intérieur de la bande, c’est bien l’architecture entière de ce plan – et avec elle la crédibilité de la future phase 2 – qui risque de s’effondrer.