Pendant plusieurs mois, Tsahal s’est préparé à intégrer de nouveaux systèmes numériques qui ont joué un rôle clé dans les frappes réussies de l’opération « Am Kol Lavi » en Iran. Développées par l’unité Matzpen, spécialisée dans le commandement-contrôle et véritable “maison logicielle” de l’armée, ces plateformes permettent de transformer le flux massif de données opérationnelles en un outil de combat à part entière.
« Notre objectif est de fournir aux commandants des systèmes qui améliorent la prise de décision », explique le lieutenant-colonel B. La guerre contre l’Iran a offert une occasion de déployer ces technologies capables d’unifier toutes les informations en une image opérationnelle cohérente et en temps réel.
La campagne contre l’Iran - un théâtre sans frontière commune, à des milliers de kilomètres - a exigé une adaptation sans précédent. Les systèmes de Matzpen ont relié entre eux tous les échelons de Tsahal, synchronisé les données, dessiné la carte du combat et permis, par moments, de changer les règles du jeu.
Trois systèmes principaux ont été utilisés : Lohem, outil interarmées de planification et de contrôle des frappes, gestion du “banc de cibles” et allocation des ressources ; Maestro, système multi-niveaux assurant coordination totale entre les forces, de la brigade au chef d’état-major. et Gantt-It, gestion centralisée des missions pour éviter les chevauchements et collisions opérationnelles.
Selon B., ces plateformes ont même permis d’éviter des pertes : grâce à la transparence offerte par Maestro, l’état-major a identifié une opération mal coordonnée et l’a stoppée à temps. « C’est une situation qui a clairement sauvé des vies »

Un processus de plusieurs mois
Une centralisation inédite du renseignement
Le major A., responsable du pilotage de campagne, décrit un changement fondamental : « Nous avons apporté toutes les données dans un seul endroit, ce qui a permis de gérer les frappes de façon centralisée et non à travers de multiples systèmes dispersés. » Même la gestion des drones et moyens de collecte - auparavant isolée dans un système autonome - a été intégrée pour donner une image totale des opérations.
Cette centralisation permet aujourd’hui de voir instantanément l’ensemble des processus, d’accélérer les séquences et de fiabiliser la chaîne décisionnelle. Là où l’on réalisait autrefois des croisements manuels, désormais un seul diagramme Gantt expose la situation complète, avec une précision déterminante.
Au début de la guerre, ces systèmes n’étaient accessibles qu’au sommet de la hiérarchie – état-major, commandements, armée de l’air. Mais l’évolution rapide du conflit a permis de les étendre jusqu’aux brigades combattantes. « Avant cela, les processus n’étaient pas suffisamment organisés », reconnaît B. L’intégration verticale, du terrain au QG, a apporté une valeur opérationnelle majeure.
Et maintenant ?
Matzpen poursuit le développement de nouvelles capacités destinées à maximiser encore davantage les ressources de l’armée. « Notre système simplifie déjà considérablement l’information », explique le major A., « mais nous travaillons sur des outils encore plus performants, essentiels pour les opérations futures. »
Pour Tsahal, la donnée n’est plus seulement un outil : elle est devenue une arme.