Après de longues négociations, l'État d'Israël a conclu ce jeudi matin un accord d'indemnisation historique avec Roman Zdorov, acceptant de lui verser la somme exceptionnelle de 17 millions de shekels en compensation des 15 années d'emprisonnement qu'il a purgées pour le meurtre de l'adolescente Taïr Rada en 2006, avant d'être acquitté lors d'un nouveau procès en 2023.
Cette indemnisation constitue le montant le plus élevé jamais accordé par l'État israélien à une personne incarcérée puis innocentée.
Taïr Rada, z'l, était une élève en classe de 4e à Katzrin. Elle a été sauvagement assassinée dans les toilettes de son école, le 6 décembre 2006.
Dans un premier temps, la police a pensé à un différend entre élèves avant d'enquêter sur les adultes qui étaient dans les alentours ou dans l'enceinte de l'établissement ce jour-là. Le 12 décembre 2006, la police arrête Roman Zdorov, carreleur qui travaillait dans l'école. D'origine ukrainienne, Zdorov avait un visa de touriste en Israël, car non-juif et vivait avec son épouse et leur bébé à Katzrin.
Dans un premier temps, Zdorov a nié tout lien avec le crime mais très rapidement il a avoué le crime et fournit de nombreux détails à l'enquêteur spécialement affecté pour le faire parler. Il a reconnu avoir assassiné Taïr parce qu'elle l'avait insulté et humilié et que cela lui avait rappelé les brimades qu'il avait subies de la part de filles et en particulier une qui ressemblait à Taïr alors qu'il était élève en Ukraine.
Les aveux de Zdorov, la reconstitution du crime, les détails fournis et les preuves apportées par la police laissaient peu de doute quant à la culpabilité de Zdorov. Pourtant, dès le lendemain, il revient sur ses aveux. Il change sa version des faits, avant d'avouer une deuxième fois, selon la police.
Le 14 septembre 2010, Zdorov est reconnu coupable du meurtre de Taïr Rada et condamné à la peine de prison à perpétuité.
Les avocats de Zdorov font appel de ce verdict contestant les preuves présentées et les aveux de leur client obtenus, selon eux, sous la pression. A deux reprises les appels de la défense sont rejetés par le tribunal. Finalement, l'avocat de Zdorov va obtenir la révision du procès sur la base d'éléments que la police n'a pas suffisamment explorés. Il s'avère que l'ADN d'un autre homme a été retrouvé sur les lieux du crime.
En 2021, Zdorov est libéré de prison et placé en détention à domicile strictement encadrée.
16 ans après son inculpation, les juges ont estimé que les éléments avoués par Zdorov n'étaient pas convaincants pour conclure à une culpabilité, n'étant pas suffisamment qualifiés pour prouver que seul le meurtrier pouvait les connaitre. Par ailleurs, la cour a affirmé que le Parquet n'avait pas suffisamment étayé les éléments apportés pour déterminer la culpabilité de Zdorov au-delà de tout soupçon.