Une enquête du chercheur Yonathan Dahoah-Halevi dévoile comment le Hamas a trompé le Shin Bet avant l’attaque du 7 octobre en utilisant des agents doubles. Ces derniers, retournés à Gaza après leur arrestation, ont fourni sciemment de fausses informations sur les intentions du groupe terroriste, semant la confusion dans les évaluations du renseignement israélien.

Selon le haut responsable des Brigades Al-Qassam, Jasser Barghouti, le tournant remonte à 2017, après l’élimination de Mazen Fuqaha. En réaction, le Hamas aurait arrêté 45 collaborateurs israéliens et en aurait retourné certains pour espionner le Shin Bet de l’intérieur. Mahmoud Mardawi, autre cadre du Hamas, affirme que cette manœuvre a “paralysé” les capacités d’anticipation d’Israël.

Le Hamas avait déjà testé ce procédé dès 2016-2018, via l’opération “Illusions”, durant laquelle un agent double avait livré de faux renseignements sur les roquettes de l’organisation, tout en identifiant des officiers du Shin Bet. Un enregistrement diffusé en 2019 par la chaîne Al-Mayadeen révélait un agent double trompant son contact israélien.

Le matin du 7 octobre, ces leurres ont fonctionné : aux “signaux inquiétants” observés par Tsahal s’ajoutaient des “signaux apaisants”, notamment des rapports de routine fournis par des sources humaines – en réalité contrôlées par le Hamas. Le renseignement israélien, mal coordonné et privé de collecte visuelle sur les zones sensibles, a interprété à tort ces indices comme un exercice.

En toile de fond, le rapport du Shin Bet reconnaît une analyse erronée du renseignement et une comparaison abusive avec les fêtes de Tichri 2022, qui s’étaient déroulées sans incident. L’incapacité à vérifier les informations reçues a ainsi contribué à l’échec cuisant de l’appareil sécuritaire.