Le président américain Donald Trump a rencontré mercredi à Riyad le nouveau dirigeant syrien Ahmed al-Shara, plus connu sous le nom d’Abou Mohammed al-Joulani, ancien chef djihadiste de Hayat Tahrir al-Sham. Cette rencontre inédite entre un président américain et syrien depuis un quart de siècle, couplée à l’annonce de la levée des sanctions contre Damas, fait craindre à Israël un dangereux changement d’équilibre régional.
Selon la Maison Blanche, Trump a appelé al-Shara à rejoindre les accords d’Abraham et à expulser les terroristes palestiniens présents en Syrie. Mais pour de nombreux responsables israéliens, il ne faut pas se laisser tromper par le costume-cravate du nouveau président syrien. Derrière cette façade, certains estiment qu’al-Shara n’a pas abandonné son idéologie radicale, et pourrait transformer le pays en un État islamiste menaçant, avec le soutien de la Turquie et du Qatar.
Jusqu’à récemment, les États-Unis offraient 10 millions de dollars pour toute information menant à sa capture. Al-Shara reste sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour ses actions passées en Irak et en Syrie au sein d’Al-Qaïda. Sa réhabilitation rapide sur la scène internationale, encouragée notamment par Riyad et Ankara, soulève de vives inquiétudes à Jérusalem.
Officiellement, Israël n’a pas exprimé d’opposition "ferme" à la décision américaine. Mais en coulisses, des responsables préviennent : cette ouverture précipitée pourrait affaiblir les efforts visant à contenir l’influence iranienne et islamiste dans la région. À leurs yeux, le nouveau régime syrien pourrait représenter, à moyen terme, une menace stratégique plus imprévisible que le régime Assad lui-même.
Alors que des milliers de Syriens ont fêté la levée des sanctions dans les rues, Israël observe avec prudence l’évolution de la situation. La crainte est que sous couvert de normalisation, les États-Unis ouvrent la porte à un acteur qui pourrait, une fois légitimé, relancer les hostilités contre l’État hébreu et ses alliés.
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