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Rubi Hen, père d’Itay Hen, tombé au combat et otage du Hamas, à l’ONU : « Vous avez une responsabilité directe. Des sous-hommes détiennent des corps »

Rubi Hen, père du soldat Itay Hen, tombé au combat et retenu par le Hamas, a pris la parole jeudi soir devant le Conseil de sécurité de l’ONU, lors d’une séance spéciale consacrée à la résolution 2474, qui exige la restitution des corps de personnes disparues en zone de conflit.

6 minutes
16 mai 2025

ParGuitel Benishay

Rubi Hen,  père d’Itay Hen, tombé au combat et otage du Hamas, à l’ONU : « Vous avez une responsabilité directe. Des sous-hommes détiennent des corps »
Photo: ONU

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Rubi Hen, père du soldat Itay Hen, tombé au combat et retenu par le Hamas, a pris la parole jeudi soir devant le Conseil de sécurité de l’ONU, lors d’une séance spéciale consacrée à la résolution 2474, qui exige la restitution des corps de personnes disparues en zone de conflit. « Faites appliquer votre propre décision », a-t-il lancé. « Nous subissons le terrorisme. »

« Nous sommes les parents d’Itay Hen, citoyen américain, allemand et israélien, retenu par le Hamas dans la bande de Gaza depuis 587 jours », a commencé Rubi Hen. « À 18 ans, Itay s’est engagé dans Tsahal. Le 7 octobre 2023, jour funeste, il était en poste à la base de Nahal Oz, à la frontière avec Gaza. Lui et ses compagnons d’armes ont combattu le Hamas pendant des heures pour protéger des civils israéliens contre le viol, l’incendie et le massacre. Le tank d’Itay a fini par être neutralisé par le Hamas, et trois des quatre soldats présents ont été enlevés. Itay a deux frères, Roy et Alon, 14 ans, présent ici aujourd’hui. »

« Depuis, notre famille – comme 250 autres familles dont les proches ont été enlevés par le Hamas et le Jihad islamique, de plus de 25 nationalités et cinq religions différentes – se bat pour connaître son sort et obtenir sa libération. »

En mars 2024, Tsahal nous a informés qu’Itay n’avait probablement pas survécu à l’attaque du 7 octobre. Mais cela fait plus de 19 mois que le Hamas refuse d’admettre qu’il détient notre fils, ou de révéler son état. C’est la forme la plus vile de guerre psychologique terroriste que l’on puisse imaginer.

« Je m’adresse avec humilité aux membres du Conseil de sécurité : quel genre d’êtres humains utilise des corps comme monnaie d’échange ? Je crois que seuls des sous-hommes prennent des dépouilles en otage et leur dénient les droits humains fondamentaux, la dignité et l’enterrement qu’ils méritent. »

« Ce que nous subissons – l’occultation volontaire d’informations sur notre fils, le refus de le restituer, le silence – constitue une forme de torture psychologique lente et continue. Nous vivons chaque jour dans la douleur, incapables de faire notre deuil, incapables de guérir. »

« La rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, le Dr Alice Edwards, a récemment reconnu que les familles d’otages pouvaient elles-mêmes être victimes de torture. L’incertitude prolongée, la négation de la vérité, la dissimulation du sort – tout cela constitue un traitement inhumain et dégradant. Ce n’est pas une théorie, c’est notre quotidien. Nous sommes torturés, traumatisés à répétition, sans aucun soulagement en vue. »

« Plus de 30 familles israéliennes partagent notre sort. Je veux souligner que Leah Goldin, la mère du soldat Hadar Goldin, est également présente ici. Elle se bat depuis plus de dix ans pour récupérer le corps de son fils des mains du Hamas et a joué un rôle central dans l’adoption de la résolution 2474. »

Adoptée à l’unanimité le 11 juin 2019, la résolution 2474 représente une avancée historique du droit humanitaire international. Elle reconnaît officiellement le droit des familles de connaître le sort de leurs proches disparus dans les zones de conflit.

La résolution impose aux parties aux conflits armés – y compris les acteurs non étatiques comme le Hamas – de rechercher les personnes disparues et de fournir des informations à leur sujet. En refusant de transmettre toute information ou d’autoriser un accès, même à des organismes neutres comme le Comité international de la Croix-Rouge, le Hamas viole clairement cette résolution et le droit humanitaire international.

« La résolution soutient la mise en place de mécanismes pour imposer des sanctions aux acteurs responsables de disparitions forcées, notamment lorsqu’il s’agit de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. La dissimulation systématique des otages par le Hamas franchit ce seuil. »

« La résolution 2474 offre à l’ONU et à ses États membres un cadre juridique et moral pour condamner les agissements du Hamas et sanctionner ses soutiens financiers – comme l’Iran et d’autres pays du Moyen-Orient – qui lui ont permis de commettre les crimes de guerre du 7 octobre. »

« Elle exige avant tout la libération des corps détenus. Elle transforme la question en une violation du droit international – et pas seulement en une affaire politique ou militaire. »

« Nous demandons à l’ONU de faire respecter sa propre résolution, avec des conséquences concrètes. Ceux qui retiennent les dépouilles doivent être tenus pour responsables, de même que ceux qui privent intentionnellement les familles de leur droit à la vérité et au deuil. La résolution ne peut rester symbolique : elle doit devenir contraignante. »

En conclusion, Rubi Hen a appelé l’ONU à agir de façon plus décisive contre le Hamas :

« L’ONU doit se montrer plus résolue. Elle porte une responsabilité directe dans l’application de la résolution 2474. Je veux attirer l’attention du Conseil sur l’enlèvement de Yonatan Samrano, 21 ans. Il existe des images vidéo montrant un travailleur social de l’UNRWA traînant Yonatan pour le jeter dans un véhicule de l’ONU et l’emmener à Gaza. Son téléphone a ensuite été localisé au domicile de ce même employé de l’UNRWA à Gaza. »

« Je demande à l’ONU et aux membres du Conseil de penser à Yonatan et à sa famille et de déclarer que le Hamas est responsable de cet enlèvement, comme de celui de nombreuses autres personnes, de nationalités et religions diverses. »

« Il n’existe à ce jour aucun mandat spécifique au sein de l’ONU pour traiter les enlèvements comme une violation répétée et distincte du droit international. Ce vide laisse les familles comme la nôtre sans interlocuteur dédié, sans ligne directrice, sans représentation adéquate. »

« C’est pourquoi nous appelons ce Conseil, ainsi que le secrétaire général, à créer un organe spécifique – un représentant ou un envoyé spécial de l’ONU chargé des affaires d’enlèvements – qui serait en charge de superviser et de soutenir les victimes et leurs familles, de formuler une politique claire, et de garantir que l’enlèvement de personnes soit reconnu comme une violation grave du droit international, nécessitant une réponse appropriée de la communauté internationale."

L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Danny Danon, a lui aussi insisté sur le devoir de la communauté internationale d’agir :

« Le combat pour le retour des dépouilles des soldats israéliens tombés au front et enlevés n’est pas un combat uniquement israélien. Il s’agit d’un impératif moral universel. Le Hamas viole le droit international humanitaire, et l’ONU ne peut rester les bras croisés. Tant que les dépouilles sont retenues à Gaza, la responsabilité vous incombe également. »

Le débat au Conseil de sécurité a été organisé à l’initiative de la mission israélienne à l’ONU, en coopération avec les familles des otages. Plusieurs experts en droit international et représentants d’ONG de défense des droits humains y ont également pris la parole. Tous ont souligné l’importance de rendre la résolution 2474 contraignante et applicable, notamment par des mesures concrètes à l’encontre d’organisations comme le Hamas – voire des sanctions contre les États qui leur apportent leur soutien.

Derrière ces interventions, un message clair : le silence de la communauté internationale ne relève pas de la neutralité – il équivaut à une complicité.

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