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Une poignée de mains entre le président libanais Joseph Aoun et le chef spirituel des Druzes d’Israël, le cheikh Mowafaq Tarif, déclenche un tollé au Liban

Une réaction qui illustre une fois encore les lignes rouges infranchissables imposées par la politique libanaise dès qu’il s’agit d’Israël

2 minutes
19 mai 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Une poignée de mains entre le président libanais Joseph Aoun  et le chef spirituel des Druzes d’Israël, le cheikh Mowafaq Tarif, déclenche un tollé au Liban
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Lors de la cérémonie d'intronisation du Pape Léon XIV au Vatican, le président libanais Joseph Aoun et le chef spirituel des Druzes d’Israël, le cheikh Mowafaq Tarif, ont échangé une poignée de mains. Celle-ci, fortuite ou non, a provoqué une réaction immédiate de Beyrouth, qui s’est empressé de publier un communiqué affirmant que le président ne connaissait pas l’identité de son interlocuteur. Peu convaincante tant les chefs religieux druzes sont identifiables dans une région où leur présence est limitée à trois pays —Liban, Syrie et Israël.

Ce genre de réaction, nourri par le poids du Hezbollah et l’emprise iranienne sur la politique libanaise, révèle à quel point toute interaction avec des représentants israéliens reste un sujet tabou, y compris dans des contextes neutres et purement religieux ou diplomatiques. Israël, de son côté, envoie de multiples signaux de solidarité envers les Druzes de Syrie, confrontés à une série d’attaques menées notamment par des milices sunnites radicales, et affirme sa volonté de les protéger, y compris par des frappes préventives. Une posture saluée par le cheikh Tarif lors d’un entretien avec Benyamin Netanyahu début mai.

En 2014, en visite en Israël, le patriarche maronite libanais Béchara Raï avait rencontré des anciens de l’ALS à Haïfa

Alors que certains responsables religieux libanais avaient déjà osé briser le mur du silence — souvenons-nous de la visite en Israël, en 2014, du patriarche maronite Béchara Raï, qui avait alors plaidé pour une réconciliation avec les anciens de l’Armée du Liban Sud, milice ayant collaboré avec Israël — l’affaire Aoun illustre à quel point la criminalisation du moindre contact avec Israël entrave toute perspective de normalisation. Même un simple échange de courtoisie entre un président chrétien et un dignitaire druze israélien, dans un lieu aussi symbolique que le Vatican, peut suffire à déclencher une crise nationale.

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