Lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a averti mardi que le régime de transition mis en place en Syrie après la chute de Bachar el-Assad pourrait s’effondrer dans les semaines à venir,

« Notre estimation est que le gouvernement de transition, compte tenu des défis auxquels il est confronté, est peut-être à seulement quelques semaines – et non plusieurs mois – d’un effondrement potentiel et d’une guerre civile à grande échelle, ce qui signifierait la désintégration de l’État », a déclaré Rubio.

Rubio a défendu devant la commission sénatoriale la décision choc du président Donald Trump de lever les sanctions contre la Syrie et de relancer les relations bilatérales après la chute du régime d’Assad. Cette déclaration intervient une semaine après la rencontre historique entre Trump et le nouveau président syrien, Ahmad al-Charaa, également connu sous le nom d’Abou Mohammed al-Joulani. Rubio avait lui aussi rencontré al-Charaa lors de sa visite à Riyad, ainsi que le ministre des Affaires étrangères syrien, Assad al-Cheibani. Jeudi dernier, Rubio a de nouveau rencontré al-Cheibani, cette fois en Turquie.

Après sa rencontre avec al-Charaa, Trump a salué le président syrien comme un « jeune homme charismatique » et l’a invité à rejoindre les Accords d’Abraham. Jusqu’à récemment, al-Charaa figurait pourtant sur la liste des personnes recherchées par les États-Unis en raison de ses liens avec le djihadisme. Rubio a précisé à propos du gouvernement de transition : « Si nous engageons un dialogue avec eux, cela peut réussir… ou non. Mais si nous n’en engageons aucun, alors cela échouera à coup sûr. »

La guerre civile syrienne, déclenchée en 2011, s’est officiellement terminée en décembre dernier, après la chute du régime Assad par les forces rebelles menées par l’ancien djihadiste al-Joulani. Rubio s’est exprimé alors que le pays est de nouveau secoué par des massacres et des attaques visant notamment les Druzes et les Alaouites – la minorité religieuse à laquelle appartient la famille Assad –, désormais persécutés par des factions liées au nouveau régime.

Selon Rubio, cette résurgence de la violence est l’un des « héritages » d’Assad, qu’il accuse d’avoir délibérément monté les communautés syriennes les unes contre les autres, instaurant une méfiance profonde au sein de la société.