La Cour suprême d'Israël a rendu ce mercredi une décision concernant la révocation de Ronen Bar de son poste de directeur du Shin Bet (service de sécurité intérieure), qualifiant cette initiative gouvernementale de "procédure inappropriée et contraire à la loi".
Dans un jugement sans précédent, la plus haute instance judiciaire du pays a identifié plusieurs irrégularités majeures dans le processus de limogeage: absence de consultation du comité Grunis (comité consultatif sur les nominations aux postes supérieurs), conflit d'intérêts manifeste du Premier ministre Benyamin Netanyahou en raison des enquêtes impliquant ses proches collaborateurs, absence de base factuelle solide et non-respect du droit d'audience de Bar.
"L'affirmation de perte de confiance professionnelle a été soulevée de manière vague et générale, sans exemples concrets", a souligné le président de la Cour, Yitzhak Amit, qui a rappelé le rôle essentiel du chef du Shin Bet comme "gardien" du régime démocratique israélien.
La juge Barak-Erez a particulièrement insisté sur le fait que "même en état de guerre, le gouvernement doit exercer ses pouvoirs légalement", et que "le respect d'une procédure appropriée pour révoquer le chef du Shin Bet fait partie de la préservation de la force interne de l'État".
La Cour n'a pas ordonné de mesures concrètes en raison de l'annonce préalable par Ronen Bar de son intention de démissionner le 15 juin 2025.
Le Mouvement pour un gouvernement de qualité a salué "une déclaration ferme selon laquelle, même en temps de guerre, l'État de droit et les principes démocratiques ne peuvent être compromis".
L'affaire, qui s'inscrit dans le contexte sensible du "Qatargate" impliquant des proches du Premier ministre, avait révélé de fortes tensions entre Bar et Netanyahou. Dans une déclaration sous serment soumise à la Cour, le chef du Shin Bet avait notamment affirmé qu'on lui avait "clairement indiqué qu'en cas de crise constitutionnelle", il devait "obéir au Premier ministre et non à la Haute Cour".