Dans un geste sans précédent, Israël a choisi de ne pas soutenir la nouvelle "Convention sur les pandémies" adoptée par l’Organisation mondiale de la santé -OMS. Parmi les 181 États membres disposant du droit de vote, 124 ont approuvé le texte. Aucun pays ne s’y est opposé, mais 11 se sont abstenus, dont Israël – une première pour l’État hébreu, qui jusque-là avait toujours apporté son soutien aux résolutions de l’organisation.
Cette décision a été prise sur instruction gouvernementale, dans un contexte de vives critiques émises par plusieurs organisations civiles israéliennes. Quelques heures avant le vote, une coalition d’associations – parmi lesquelles le Cercle des professeurs pour la résilience politique et économique, le Mouvement pour la gouvernance et la démocratie, Israël indépendante- a adressé une lettre virulente au Premier ministre et à plusieurs ministres. Appuyés par des professionnels de santé, juristes et économistes, ils y dénoncent les menaces que représente, selon eux, le traité pour la souveraineté, la démocratie et les droits fondamentaux en Israël.
Dix articles du projet de convention sont pointés du doigt. L’un d’eux impose, en cas d’urgence, l’adoption de régulations émanant d’un organisme extérieur non élu, ce qui reviendrait, selon les signataires, à déléguer des prérogatives essentielles à une entité sans légitimité démocratique. Un autre passage du texte prévoit que l’OMS serait en droit de redéfinir des notions comme "animal", "végétal" ou "être humain", contraignant les États signataires à harmoniser leur législation interne selon ces nouvelles définitions.
"Il ne faut jamais conférer un pouvoir excessif à un organisme extérieur, a fortiori à un organe déjà jugé problématique et dénué de tout contrôle", martèlent les auteurs de la lettre. Selon eux, plusieurs pays alliés d’Israël – notamment les États-Unis, les Pays-Bas, l’Argentine, la Slovaquie ou encore le Royaume-Uni – ont eux aussi exprimé de sérieuses réserves à l’égard du fonctionnement de l’OMS. "Israël doit s’aligner sur ses partenaires", insistent-ils.
Les signataires exhortent les autorités israéliennes à instruire sans délai leurs représentants auprès de l’OMS de s’opposer à l’accord et d’exiger sa révision. Selon eux, le partage d’informations scientifiques internationales peut se faire en dehors de tout traité formel, "à condition que ce partage soit équilibré et réciproque". Ils estiment que les risques potentiels de l’accord surpassent largement les bénéfices annoncés.
La question a d’ailleurs été examinée bien en amont par les commissions de la Santé et de la Constitution de la Knesset. Les organisations espèrent désormais que l’abstention d’Israël marque le début d’un processus de retrait complet de l’OMS, à l’image de ce qu’envisagent certains pays alliés.