Tribune

L’inquiétante dérive de l’élite culturelle française - Par Boris Janicek

La 78ème édition du Festival de Cannes s’est clôturée hier soir, confirmant l’inquiétante dérive de l’élite culturelle française.

3 minutes
26 mai 2025

ParGuitel Benishay

L’inquiétante dérive de l’élite culturelle française - Par Boris Janicek
Photo: IStock

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La 78ème édition du Festival de Cannes s’est clôturée hier soir, confirmant l’inquiétante dérive de l’élite culturelle française.

À commencer par la ministre de la Culture, plus soucieuse de parader sous les flashs de la soirée Dior que de rencontrer les élus de la ville hôte du plus grand événement culturel au monde. Une première à l’occasion de ce déplacement ministériel pendant le Festival : pas de réunion culturelle à l’agenda de Rachida Dati, alors même qu’il aurait été pertinent de rappeler la réalité des dépenses culturelles en France : 801 € par habitant parisien contre seulement 24 € pour les habitants de province. Ce parisianisme, David Lisnard, maire de Cannes et Président de l’AMF (Association des maires de France), le dénonce avec force depuis des années. Car il en va, bien au-delà des chiffres, de la cohésion nationale et de l’égalité d’accès à la culture.

Mais si la dérive du ministère est manifeste, celle de certains artistes l’est plus encore. Juliette Binoche, Présidente du Jury et associée aux centaines d’artistes signataires d’une tribune alertant sur le « génocide » à Gaza, a cru bon d’ouvrir la cérémonie par un plaidoyer pour la cause palestinienne, aussi mal informé que mal articulé. Drapée d’une tenue oscillant entre nymphe et princesse Leia sur le retour, elle a livré un monologue qui lui a valu, à juste titre, la « palme de la niaiserie », pour reprendre l’expression du Figaro. Ces contre-vérités et raccourcis font aujourd’hui le jeu des terroristes du Hamas et d’ailleurs, et n’ont, de toute évidence, pas leur place sur la scène d’un festival international de cinéma.

David Lisnard a là aussi tenu à dénoncer la « mièvrerie » d’un entre-soi culturel, une « liberté d’expression à sens unique » et des artistes « qui s’indignent des guerres ailleurs, mais n’arrivent pas une fois à prononcer le nom de Boualem Sansal et à se battre pour libérer un Français, un grand écrivain. »
Une parole qui vient, au-delà des clivages politiques, remettre un peu de vérité et d’équilibre là où certains préfèrent les postures de circonstance.

La culture française mérite mieux qu’un Paris-centrique de salon et des postures woke de festival. Elle mérite un engagement républicain constant, au service de l’accès de tous à la culture, partout en France.
Et si un sourire a pu émerger malgré tout lors de la clôture de ce Festival, c’est celui de Mia Schem, ex-otage franco-israélienne, foulant le tapis rouge sur l’invitation de la ville de Cannes. Preuve, s’il en fallait encore une, que le courage des uns et la dignité des autres peuvent, même dans les lieux les plus inattendus, rappeler les valeurs essentielles de la République.

Boris Janicek
Entrepreneur franco-israélien
Membre du Conseil de Voice of the People