Les dépenses liées à la guerre ne cessent de grimper : selon les dernières estimations, le coût total du conflit s’élève déjà à plusieurs centaines de milliards de shekels. Même les attaques des Houthis ont un prix : l’interception d’un missile tiré depuis le Yémen peut coûter plusieurs millions de shekels. Et ce n’est qu’un début — car si la présence de Tsahal à Gaza devait se renforcer, la facture pourrait exploser.
Cela fait maintenant plus de 600 jours que la guerre dure, et son coût économique est loin d’être négligeable. C’est la Banque d’Israël qui fournit l’estimation la plus complète et la plus fiable à ce jour. Libérée de pressions politiques, elle actualise régulièrement ses chiffres.
Au cours de la semaine écoulée, la Commission des finances de la Knesset a examiné de nombreux scénarios pour tenter d’évaluer les coûts liés à la mobilisation des réservistes, selon différents niveaux d’intensité. Même lors d’une réunion à huis clos avec le Premier ministre Benyamin Netanyahu, plusieurs projections ont été avancées concernant le coût d’une mobilisation élargie.
En recoupant les données du ministère des Finances, de la Banque d’Israël et d’autres sources, on arrive à des montants vertigineux pour le budget national.
La Banque d’Israël a ainsi estimé que le coût de la guerre, d’ici fin 2025, atteindra 250 milliards de shekels, 63 milliards d'euros . Ce chiffre comprend la mobilisation des réservistes, l’armement, les carburants et autres dépenses directes.
À cela s’ajoutent des coûts indirects considérables : traitement du front intérieur, prise en charge des blessés et des soldats souffrant de stress post-traumatique, ou encore l’assistance aux familles. Autant d’éléments qui représentent un fardeau à long terme pour l’économie israélienne. Et ces chiffres ne tiennent pas compte d’une guerre à haute intensité, mais seulement de la gestion actuelle de la bande de Gaza.
Selon les dernières projections, le coût cumulé de la guerre a déjà dépassé les 300 milliards de shekels - 75 milliards d'euros- ce qui place Israël dans un scénario pessimiste parmi ceux envisagés.
En moyenne, une seule journée de combats au niveau d’intensité observé ces trois dernières semaines coûte environ 425 millions de shekels aux contribuables israéliens, 106,2 millions d'euros.
Pour comprendre l’ampleur de cette charge, il suffit de rappeler qu’un jour de réserve pour un soldat coûte environ 1 612 shekels, soit près de 50 000 shekels par mois, 12 500 euros. L’interception d’un missile lancé par les Houthis coûte, elle, entre 2 et 6 millions de shekels, 500 000 et 1 500 000 euros, selon le type de munition utilisé et le nombre d’intercepteurs nécessaires pour le neutraliser.
Et la grande question reste posée : combien coûte chaque jour de présence militaire israélienne à Gaza, dans un contexte de combats à faible ou moyenne intensité — ce qu’on pourrait qualifier de sécurité élargie — en tenant compte du volume de l’aide humanitaire entrant dans l’enclave ?
Selon les derniers chiffres, le simple maintien de la situation actuelle à Gaza coûte 42 millions de shekels par jour, 10,5 millions d'euros, pour des dépenses de base comme la distribution d’eau et de nourriture, en dehors de l’aide humanitaire internationale. Si le contrôle israélien sur la bande devait s’intensifier, les coûts augmenteraient mécaniquement avec l’élargissement de la zone sous responsabilité directe de Tsahal.
Si l’opération militaire actuelle s’achève dans les trois mois, son coût supplémentaire serait supérieur à 30 milliards de shekels, en comptant à la fois les opérations militaires et la maintenance de la bande de Gaza pendant cette période.
Toutefois, certains économistes de haut rang estiment que si Israël et Tsahal parviennent dans les prochains jours à un cessez-le-feu, accompagné d’une libération des otages, le coût global de la guerre pourrait alors considérablement diminuer. Resterait malgré tout la gestion de Gaza, qui continuerait d’exiger des moyens importants.
En résumé : après 600 jours de guerre, le gouffre économique se creuse de jour en jour. Et sans plan clair pour « l’après-guerre », Israël risque de rester embourbée dans des dépenses quotidiennes de 42 millions de shekels uniquement pour maintenir sa présence dans la bande de Gaza soit 10,5 millions d'euros.