C’est un coup de tonnerre sur la scène politique néerlandaise. Geert Wilders, chef du Parti pour la liberté -PVV- le parti le plus important au Parlement et pilier de la coalition à quatre partis, et proche allié d’Israël, a annoncé ce mardi la fin de la coalition gouvernementale, invoquant l’impossibilité de faire avancer sa politique migratoire. « On a promis aux électeurs la politique d’asile la plus stricte jamais appliquée, et nous piétinons », a-t-il déclaré en conférence de presse.
Déjà la semaine dernière, il avait averti : si son plan pour freiner l’immigration ne voyait pas le jour, sa formation quitterait le gouvernement. Il est passé à l’acte.
Lors de sa déclaration, Wilders a détaillé un plan en dix points, visant à une réduction drastique de l’immigration : arrêt total de l’accueil des demandeurs d’asile, suspension temporaire du regroupement familial pour les réfugiés déjà présents, et renvoi systématique des Syriens détenteurs de permis temporaires ou en attente d’un statut.
Il a également proposé de retirer la nationalité néerlandaise aux binationaux auteurs de crimes violents ou sexuels, de les expulser, et de limoger les maires opposés à ces mesures – afin, selon lui, d’éviter la création de "villes sanctuaires" à l’américaine.
Autre mesure-choc : le déploiement de l’armée à la frontière pour stopper l’immigration illégale. Wilders estime qu’environ 60 000 Syriens pourraient être renvoyés dans des zones « suffisamment sûres » en Syrie, affirmant que « la moitié, voire les deux tiers du pays sont désormais sécurisés ».
Sa rupture avec la coalition, fondée il y a seulement quelques mois après de longues tractations, ouvre une période d’incertitude politique aux Pays-Bas.
Geert Wilders a toujours revendiqué une relation personnelle forte avec Israël où il s'est rendu une quarantaine de fois au cours des vingt-cinq dernières années. Selon ses propres déclarations, il y aurait rencontré plusieurs fois Ariel Sharon et Ehud Olmert. Il y a quelques jours, le Premier ministre néerlandais Dick Schoof avait recadré Geert Wilders après que celui-ci a critiqué une lettre du ministre des Affaires étrangères adressée au chef de la diplomatie européenne, dans laquelle il demandait une révision de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, au motif de la situation humanitaire à Gaza et de l’inaction israélienne face aux violences de certains habitants des implantations de Judée-Samarie. Wilders avait dénoncé des « mesures anti-israéliennes ridicules » et reprochait ne pas avoir été consulté. "Je n'ai pas besoin de l’approbation d’un chef de parti pour ce type de décision" avait répondu Schoof.