La diplomatie européenne se fissure autour du conflit à Gaza. Alors qu'Emmanuel Macron durcit le ton contre Israël et évoque des "mesures significatives" dans les prochains jours, l'Allemagne a marqué ce jeudi ses distances avec l'approche française lors d'une conférence de presse à Berlin.
S'exprimant aux côtés de Gideon Saar, son homologue israélien avec lequel il venait de s'entretenir le ministre allemand des Affaires étrangères a fermement contredit l'approche préconisée par Paris. "La reconnaissance unilatérale d'un État palestinien envoie un message erroné", a déclaré Johann Wadephul, s'opposant frontalement aux récentes déclarations de Macron qui estime que "le moment est venu de reconnaître un État palestinien".
Pour Berlin, "la seule solution réaliste pour parvenir à une paix durable au Moyen-Orient est la solution à deux États" négociée, et non imposée unilatéralement. Cette position marque un clivage net au sein de l'Union européenne sur la stratégie à adopter face au conflit.
Le ministre israélien a profité de cette tribune pour adresser un avertissement direct aux capitales européennes. "Exercer des pressions sur Israël et menacer d'imposer des sanctions, comme le font les pays européens, ne fera que compliquer les choses", a-t-il déclaré, visant implicitement les menaces françaises.
Saar a également clarifié les responsabilités dans l'impasse touchant les négociations : "Israël a accepté la proposition de l'envoyé spécial Steve Wittkoff concernant un accord sur les otages il y a déjà 19 jours. Malheureusement, le Hamas a rejeté cette proposition."
Tout en soutenant Israël face aux critiques françaises, Berlin a exprimé ses propres réserves. "En tant qu'ami d'Israël, nous souhaitons voir Israël vivre en paix avec ses voisins. Nous rejetons la politique de colonisation mise en œuvre en Cisjordanie", a précisé le chef de la diplomatie allemande.
Sur l'aide humanitaire à Gaza, l'Allemagne s'est aussi montré critique : "L'aide humanitaire qui parvient à Gaza est insuffisante", a assené Waldephul.
L'Allemagne, traditionnellement proche d'Israël pour des raisons historiques, tente de maintenir un équilibre entre solidarité et critique qu'elle voudrait constructive, se démarquant ainsi de l'approche radicale adoptée par Paris.