Dans un entretien écrit exclusif, Yasser Abu Shabab, chef de la milice des « Forces populaires » opérant dans la bande de Gaza, a accepté de répondre, en connaissance de cause, aux questions de Doron Kadoch, le correspondant militaire de la radio israélienne Galei Tsahal. Son directeur du bureau des communications a également participé à l’échange.
Il y a quelques jours, le chef du parti Israël Beitenou, Avigdor Liberman, a révélé que cette milice, active dans l'est de Rafah, était armée par Israël, ce que le Premier ministre Netanyahou a confirmé.
Pourtant Abou Shahab dément toute collaboration avec Israël et affirme œuvrer à l’instauration d’une zone exempte du Hamas.
Depuis plusieurs jours, Abu Shabab appelle publiquement les civils gazaouis à se réfugier dans la zone sous son contrôle, présentée comme « nettoyée du Hamas » et sécurisée par Tsahal. « Des centaines de familles nous demandent l’asile ; nous en accueillons des dizaines chaque jour », affirme-t-il. Il réclame la mise en place d’un couloir humanitaire sous supervision internationale : « Nous exigeons une évacuation sécurisée pour des dizaines de milliers de personnes. »
Abu Shabab reconnaît une coopération avec l’Autorité palestinienne dans le cadre des contrôles sécuritaires à Rafah. « Nos relations avec l’Autorité s’inscrivent dans l’intérêt national supérieur du peuple palestinien, et dans le respect de sa légitimité juridique », déclare-t-il. Il affirme que les vérifications sont effectuées avec l’aide des services de renseignement palestiniens (Mukhābarāt), pour éviter l’infiltration d’éléments terroristes. Il nie toutefois tout financement par l’Autorité. Ni le bureau du Premier ministre israélien ni celui du ministre de la Défense n’ont commenté ces affirmations.
Tout en niant une quelconque collaboration formelle avec Israël, Abu Shabab insiste sur sa volonté de protéger la population contre le Hamas. « Nos armes sont rudimentaires, collectées auprès des civils locaux. » Il dément toute rencontre avec des responsables israéliens au cours de l’année écoulée, mais n’exclut pas une forme de coordination indirecte, « uniquement à des fins humanitaires et par l’intermédiaire de canaux de médiation. »
En réponse aux allégations de l’ancien ministre israélien Avigdor Liberman, Abu Shabab dément catégoriquement toute affiliation à l’État islamique : « Nous n’avons aucun lien avec un pays ou une organisation. Ces rumeurs cherchent à ternir notre réputation et à provoquer une rupture entre nous, Israël et les pays arabes. »